« Le recours a été déposé cette semaine », a indiqué à l’AFP une source au sein du ministère de la Défense, en référence à un recours en cassation déposé devant la Cour suprême.
Il s’agit du dernier recours possible pour casser une décision de la justice uruguayenne qui en décembre a confirmé en appel un jugement de 2019 obligeant l’Etat à vendre l’aigle.
Haut de deux mètres et d’un poids de plus de 300 kilos, l’aigle se trouvait à la poupe du navire allemand Graf Spee, protagoniste au début de la Seconde guerre mondiale de la « bataille du Rio de la Plata » qui l’a opposé à la marine britannique.
L’emblème a été récupéré en 2006 dans le large estuaire situé entre l’Uruguay et l’Argentine, par des plongeurs commandités par deux entrepreneurs locaux.
Un contrat signé avec la Préfecture navale prévoyait que les deux parties obtiendraient chacune 50% de la vente des objets retrouvés dans l’épave.
Face aux retards de la vente, les titulaires du permis de fouille, Alfredo et Felipe Etchegaray, ainsi qu’un plongeur décédé depuis, avaient intenté un procès contre l’État uruguayen pour rupture de contrat.
« Le gouvernement a déposé le recours en cassation car s’il ne le fait pas, le délai expire et (l’aigle) doit être mis aux enchères publiques immédiatement », a confirmé à l’AFP Alfredo Etchegaray.
Il a indiqué maintenir un dialogue « amical » avec le gouvernement pour trouver une solution à l’amiable. « Le gouvernement veut éviter une vente aux enchères publique inconditionnelle, où des acheteurs indésirables pourraient apparaître. Nous n’avons aucun problème avec cela », a-t-il ajouté
En 2017, le gouvernement allemand avait exprimé des craintes que la sculpture ne soit achetée par des particuliers pour glorifier le nazisme et incité le gouvernement à l’exposer dans un musée.
Le Graf Spee a livré en décembre 1939 la première bataille navale de la Seconde guerre mondiale entre des bâtiments de la flotte du IIIe Reich et la Royal Navy. C’est la seule action militaire qui ait concerné l’Amérique du sud pendant le conflit mondial.
Après une violente bataille contre trois croiseurs britanniques, il s’est vu refuser un séjour prolongé dans le port de Montevideo pour des réparations par l’Uruguay, pays neutre.
Le navire a quitté Montevideo le 17 décembre 1939 et, pour échapper à un blocus britannique, s’est sabordé à quelques kilomètres de la côte, après évacuation de son équipage. Son commandant s’est suicidé trois jours plus tard.