« De nombreuses entreprises nous font savoir (…) qu’elles souffrent d’une grève masquée » et « d’actes de vandalisme », a dit à la télévision publique le ministre Iñigo de la Serna, évoquant le « sérieux préjudice économique » que pourrait entraîner une réduction d’activité.
« Nous appelons à un retour à la normale (…) A travers le dialogue, nous pouvons arriver à des accords », a dit le ministre, en référence aux négociations prévues mardi.
Selon des données officielles, 70% du commerce avec l’extérieur transite par les ports et 65% des exportations.
L’Espagne, avec ses 5.849 km de côtes sur la péninsule, est également une importante plateforme de transit de marchandises entre l’Europe et le reste du monde. Le port d’Algesiras en Andalousie (sud) est ainsi le premier de la Méditerranée, selon le Conseil mondial de la navigation.
Les dockers nient pratiquer une telle grève clandestine. Mais ils ont posé un préavis de grève pour les 20, 22 et 24 février.
Le conflit avec les 6.000 dockers du pays découle de l’interprétation d’un arrêt de la Cour européenne de justice qui avait jugé en décembre 2014 que la législation espagnole sur le travail dans les ports était contraire à la liberté d’établissement.
La législation espagnole oblige les entreprises d’autres États membres de l’UE qui souhaitent exercer la manutention dans les ports espagnols d’intérêt général à s’inscrire auprès d’une société anonyme de gestion des dockers et à embaucher en priorité des travailleurs fournis par cette société.
La Cour européenne a contesté cette obligation et la Commission européenne a demandé à l’Espagne d’entreprendre les réformes nécessaires pour se conformer à cet arrêt, sous peine de sanctions.
« C’est le seul secteur de production d’Espagne qui ne permet pas de recruter librement », a déploré le ministre espagnol, ajoutant: « L’UE nous a dit que ce n’était pas possible ».
Un porte-parole du principal syndicat espagnol du secteur portuaire – la Coordinadora estatal de trabajadores du Mar – a affirmé de son côté: « Le choix qu’ils ont fait, c’est de virer tous les dockers ».
L’organisme officiel qui supervise les ports du pays a constaté une baisse d’activité de 40 à 50% depuis la semaine dernière, a affirmé à l’AFP un porte-parole de cet organisme.
Officiellement, il n’y a pas de mouvement de grève en cours, mais les dockers ont tenu des réunions pendant lesquelles les participants ne travaillaient pas, a-t-il ajouté.