Le département de Mayotte compte 40% d’étrangers et connaît une forte pression migratoire des Comores, qui ne sont qu’à 70 km de ses côtes mais où le niveau de vie est très inférieure, accroissant les tensions entre communautés.
Dans certains villages, des expulsions ont eu lieu dimanche, dans d’autres, les collectifs d’habitants ont donné des ultimatums aux étrangers de leur commune, les enjoignant de partir avant le début du ramadan début juin.
Dans le village d’Ouangani, dans le centre, près de 700 personnes ont été expulsées de leur domicile, soit 168 familles dont 48 en situation régulière, selon les associations comoriennes sur place. La plupart d’entre elles ont été amenées par bus place de la République à Mamoudzou, le chef-lieu du département, où elles ont rejoint les familles délogées précédemment, qui y vivent et y dorment depuis plus de deux semaines.
La Préfecture de Mayotte a indiqué à l’AFP avoir tenu dimanche une « réunion de crise » où elle a fait un « point complet sur la situation » et a affirmé rester « vigilante » sur l’état sanitaire des gens dormant place de la République.
Mardi, le préfet avait demandé « que les initiatives d’expulsion, qui ne sont pas dans l’esprit de la République, cessent ». Il avait condamné les actions des collectifs d’habitants et indiqué que les forces de l’ordre seraient mobilisées sur les lieux des prochaines expulsions « de façon proportionnée » afin de ne pas « créer de trouble à l’ordre public ».
Réunis en collectifs, des habitants de l’île accusent les immigrés de « vols, agressions et meurtres », d’occuper illégalement des terrains et d’être responsables des « écoles surchargées » et du « système de santé débordé » de l’île.
Située à 8.000 kilomètres de Paris, Mayotte est la seule île de l’archipel des Comores qui, au moment du référendum d’indépendance de 1975, a décidé de rester dans le giron de la France, l’ancienne puissance coloniale.
De nombreux Comoriens tentent de rejoindre Mayotte pour y travailler, le PIB s’élevant à 7.900 euros par personne sur l’île française, contre 725 euros aux Comores.