« Il y a une agressivité (de la Turquie), avec en réalité l’intention de prendre le contrôle de l’ensemble de la zone, et nous assistons en conséquence à une tension croissante. La situation est très volatile et inquiétante », a déclaré M. Anastasiades.
Tout en évoquant la perspective de sanctions de l’Union européenne (UE), il a jugé que le « dialogue » restait « la meilleure façon » de déminer la crise.
« La situation est très sérieuse, dangereuse », en raison des « provocations », des « violations de la loi internationale », « de la loi maritime internationale » et « de notre propre zone économique exclusive » (ZEE) par Ankara, a affirmé Nicos Anastasiades lors de cet entretien au palais présidentiel de Nicosie.
Le chef de l’Etat chypriote a en conséquence appelé « l’ONU et la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires face à ces sérieux défis », et « à recourir à tous les moyens pour accentuer la pression sur la Turquie », afin que celle-ci « cesse ses activités illégales ».
« Alors je suis persuadé que nous serions en mesure d’éviter toute nouvelle escalade », a-t-il ajouté.
– « Force motrice » –
Les tensions sont fortes depuis plusieurs mois en Méditerranée orientale autour des prospections d’hydrocarbures, et de la délimitation des frontières maritimes, impliquant tous les pays de la zone, en particulier la Grèce, Chypre et la Turquie.
Depuis le 10 août, Ankara a déployé son bateau sismique Oruç Reis et son escorte de navires de guerre turcs pour procéder à des explorations au large de l’île grecque de Kastellorizo, à 2 km des côtes turques.
La Turquie effectue également des prospections dans la ZEE de la République de Chypre, pays de l’Union européenne qu’elle ne reconnaît pas en raison de la partition de l’île.
Fin août, ces tensions se sont encore exacerbées, notamment entre Ankara et Athènes, qui ont effectué des manoeuvres militaires rivales, la première avec les Etats-Unis puis la Russie, la seconde avec la France, Chypre et l’Italie.
L’UE a de son côté menacé la Turquie de nouvelles sanctions s’il n’y avait pas de progrès dans le dialogue.
« Les sanctions ne sont pas notre objectif, a pour sa part commenté vendredi le président chypriote. Notre but est, par le dialogue, de parvenir à un règlement en tout point conforme à ce que dit la loi internationale. »
Interrogé sur l’attitude de l’UE dans cette crise, il a en particulier salué la « solidarité » de la France, une « force motrice de ce que l’Europe devrait faire pour protéger les Etats membres de cette agressivité » turque.
Dans le même temps, « je comprends ce que la chancelière (allemande Angela) Merkel fait » en tentant de promouvoir une médiation, a signalé M. Anastasiades. Mais, « bien sûr, nous aimerions voir l’Allemagne et la France faire front commun », a-t-il dit.
Jeudi soir, la Grèce a démenti des discussions avec Ankara sur une désescalade, après un tweet du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, affirmant le contraire. Et son Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, a demandé à la Turquie de cesser ses « menaces ».
Lors d’une conférence de presse à Ankara, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a lui accusé Athènes de « mentir » et de se dérober à la négociation en niant tout dialogue au sein de l’Otan, dont les deux pays voisins sont membres.