Plus de 1.650 migrants ont été secourus depuis mardi au large de la Libye, dont nombre de femmes et d’enfants, mais si certains ont commencé à débarquer jeudi en Sicile, des centaines d’autres sont encore ballottés dans le froid en pleine mer.
Le Proactiva Open Arms et le Sea-Watch 3, qui ont recueilli respectivement 315 et plus de 400 migrants, sont trop petits pour affronter avec autant de monde à bord le vent et les vagues sévissant actuellement au sud de la Sicile et doivent attendre à l’abri des côtes tunisiennes que le temps se calme.
« C’est l’une des situations les plus difficiles auxquelles nous ayons eu à faire face jusqu’à présent », a expliqué à l’AFP Laura Lanuza, porte-parole de l’ONG espagnole Proactiva open arms.
Mardi, l’équipe médicale de l’ONG avait repéré une femme de 18 ans dont la vie était en danger après un accouchement difficile. Elle et son bébé de quatre jours ont été évacués par hélicoptère dans la soirée.
Mais dans la confusion des opérations de secours, le médecin n’a pas repéré tout de suite parmi les 28 bébés arrivés à bord un Erythréen de 3 mois souffrant de malnutrition et d’une forte fièvre.
Mercredi, le Proactiva a demandé une autre évacuation médicale, pour l’enfant et pour une autre femme sur le point d’accoucher.
Les gardes-côtes italiens ont expliqué à l’AFP avoir reçu cet appel mercredi soir et que l’enfant était signalé comme étant dans un état stable. Une vedette a été dépêchée depuis l’île italienne de Lampedusa. En raison du mauvais temps, elle n’est arrivée qu’à l’aube.
– ‘Désolation, rage, impuissance’ –
Dans le même temps, un homme dans un état qui semblait plus urgent a été évacué du Sea-Watch 3 grâce à l’intervention d’un navire de l’agence européenne Frontex et d’un hélicoptère maltais.
Malheureusement, l’état de l’enfant s’est brusquement détérioré dans la nuit.
« Haïd Aman avait trois mois. Il est mort cette nuit. Désolation, rage, impuissance… Les mots manquent pour exprimer la douleur dévastatrice d’une mère et de ceux qui voient que rien n’est fait pour empêcher cet immense crime », a commenté l’ONG sur Twitter, avec une photo de l’enfant encore vivant.
Enserré dans un sac mortuaire, le bébé a rejoint les corps d’un autre bébé et d’un jeune homme retrouvés morts mardi sur la barque surchargée secourue par Proactiva et placés, faute de mieux, sur un canot tracté par le navire.
Les migrants secourus au large de la Libye sont souvent affaiblis par leur périple et les conditions cauchemardesques qu’ils subissent dans ce pays, mais aussi par la malnutrition, des blessures, des fractures, des maladies non soignées…
Sur le pont du Proactiva, les migrants ont passé la journée de jeudi à essayer dormir, emmitouflés dans des couvertures. Le navire a suffisamment de réserves d’eau et de barres énergétiques pour tenir quelques jours, « mais de toutes façon, la plupart sont terrassés par le mal de mer », a expliqué Mme Lanuza.
« Les navires de sauvetage ont atteint les limites de leur capacité », a commenté Klaus Merkle, le coordinateur des sauvetages à bord de l’Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, qui est arrivé jeudi à Catane (Sicile) pour débarquer 505 migrants secourus mardi.
« Cette situation extrêmement périlleuse risque de continuer dans les jours à venir », a-t-il insisté, ajoutant que l’Aquarius allait repartir au plus vite dans la zone des secours.