Le canot était parti vers 12H00 GMT mercredi, à la faveur d’une accalmie après plusieurs jours de mer agitée, mais s’est vite retrouvé piégé dans des creux de 2,5 mètres et des vents de 50 km/h, a expliqué le photographe Aris Messinis, embarqué sur l’Astral, navire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms.
Repéré vers 17H00 GMT grâce à un drone de reconnaissance du Phoenix de l’ONG maltaise Moas, le canot n’a pu être secouru que vers 19H30 GMT, parce qu’il était encore dans les eaux libyennes, où les navires de secours ne sont pas autorisés à pénétrer.
Compte tenu de l’urgence, « nous avons dit aux gardes-côtes libyens que nous entrions (dans les eaux libyennes) quoi qu’il arrive parce que le bateau était en train de couler et ils ont finalement accepté », a expliqué Aris Messinis.
Interrogée par l’AFP, une porte-parole du Moas n’était pas en mesure de confirmer que l’opération s’était déroulée dans les eaux libyennes, ce qui constituerait une première pour cette ONG.
Les efforts des secouristes, en pleine nuit et alors que le canot balloté par les vagues était en partie immergé, ont permis de mettre en sûreté 113 personnes — 89 hommes, 11 femmes, 11 adolescents et deux enfants — à bord du Phoenix.
Mais selon le Moas, ces survivants ont assuré avoir été environ 130 au départ. Une femme nigériane était en état de choc après avoir perdu son garçon de 3 ans tombé à l’eau, tandis qu’un adolescent a raconté que ses cinq compagnons de voyage avaient disparu.
Parmi les disparus figure également une adolescente de 16 ans selon ses proches.
Plusieurs rescapés souffraient de brûlures dues au carburant, dont une femme brûlée sur 25% du corps mais qu’il était impossible d’évacuer par hélicoptère dans l’immédiat en raison des conditions météorologiques, a expliqué la porte-parole du Moas.
Mélangé à l’eau salé, le carburant a des effets dévastateurs sur la peau, en particulier pour les femmes qui, contrairement aux hommes, n’osent pas retirer leurs vêtements souillés.