Monaco renoue avec les expéditions océanographiques

Le « Yersin », du nom d’un médecin de l’institut Pasteur, pourra accueillir à tour de rôle des équipes scientifiques de 18 membres, plus l’équipage. Il débutera ses recherches près de Madère et du Cap Vert, et reviendra à Monaco en 2020 après un total de neuf étapes.

« Il y aura des observations ponctuelles à la recherche des dernières espèces en voie de disparition comme le phoque moine aux Açores, ou au contraire, des espèces envahissantes, comme les poissons lions aux Antilles ou les algues sargasses », détaille le Pr Patrick Rampal, qui dirige l’Agence de recherches de Monaco.

Les équipes mèneront également des programmes de recherche fondamentale. « Il s’agit d’étudier des milieux extrêmement préservés, d’autres très atteints par les pollutions humaines, ainsi que les monts sous-marins, dont on pense qu’ils sont les derniers sanctuaires de la biodiversité », précise M. Rampal.

Les quatre fléaux des océans (acidification, pollution, réchauffement et surpêche) poussent la grande faune marine à se réfugier et se reproduire dans ces monts sous-marins.

Le bateau utilisera la technique novatrice de l’ADN environnemental permettant de déceler la trace dans l’eau de ces gros poissons ou mammifères, et de savoir par où ils passent. « Pour la première fois au monde, on pourra le faire à bord, in situ, sur le bateau », souligne M. Rampal.

Le « Yersin » pourra pousser ses études jusqu’à 1.000 mètres de profondeur et il s’intéressera aussi aux coraux, aux bactéries et aux virus, bref à toute la chaîne biologique.

Monaco n’est pas le seul Etat à envoyer un bateau océanographique sillonner les mers du globe. Le projet revêt néanmoins un caractère original par son ambition de médiatiser immédiatement une partie des observations, à travers les réseaux sociaux et des reportages quotidiens.

Il suscite l’intérêt d’un nombre croissant de laboratoires: « Plus ça va, plus il y a de demandes », selon M. Rampal.

Albert 1er, l’arrière-arrière-grand-père de l’actuel dirigeant de la Principauté Albert II, a jeté les bases de l’océanographie mondiale et mené une trentaine d’expéditions à partir de 1885. A l’époque déjà, il s’inquiétait des conséquences d’une exploitation excessive des océans.

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