« La ville portuaire de Mocimboa da Praia, un bastion majeur de l’insurrection (…), a été prise par les forces de sécurité rwandaises et mozambicaines », ont déclaré, les premières, les Forces de défense rwandaises dans un tweet dimanche.
Le colonel Ronald Rwivanga, le porte-parole de l’armée rwandaise, a confirmé à l’AFP que Mocimboa da Praia était « tombée ».
Le ministère mozambicain de la Défense a ensuite à son tour annoncé que les troupes mozambicaines et rwandaises avaient repris le contrôle de la localité dimanche matin.
Elles contrôlent désormais les bâtiments officiels, le port, l’aéroport, l’hôpital et d’autres infrastructures-clés, a raconté le colonel Omar Saranga, un porte-parole du ministère, pendant une conférence de presse à Maputo.
Située dans la province septentrionale du Cabo Delgado, Mocimboa da Praia, cible de la première attaque jihadiste au Mozambique en octobre 2017, était aux mains des insurgés depuis le 12 août 2020.
Elle était devenue le quartier général de facto des jihadistes locaux, connus sous le nom d’Al-Shabab (« les jeunes » en arabe) et affiliés au groupe Etat islamique (EI).
Mocimboa da Praia « était la dernière place forte des insurgés », sa reconquête « marque la fin de la première phase des opérations de contre-insurrection », a souligné le colonel Rwivanga.
La crise au Mozambique a fait plus de 2.800 morts, la plupart des civils, et provoqué le déplacement de plus de 800.000 personnes.
Le 24 mars, un assaut d’ampleur de la ville portuaire de Palma a inquiété la communauté internationale. Cette attaque, l’une des plus importantes depuis le début des violences jihadistes dans la province du Cabo Delgado, a interrompu un mégaprojet gazier de 16,8 milliards d’euros, opéré par le français Total et situé à seulement quelques kilomètres de Palma.
Il s’agit de l’un des plus importants projets de gaz naturel liquéfié d’Afrique.
A la demande de Maputo, le Rwanda a envoyé le 9 juillet un millier de soldats pour soutenir les forces armées mozambicaines qui luttent pour reconquérir le Cabo Delgado.
Les forces rwandaises avaient revendiqué début août leurs premiers succès depuis leur déploiement, annonçant avoir aidé l’armée mozambicaine à reprendre Awasse, un petit village stratégique situé près de Mocimboa da Praia.
– Mission militaire de la SADC –
« Nous allons continuer les opérations de sécurisation pour pacifier totalement ces zones, ce qui permettra aux forces mozambicaines et rwandaises de mener des opérations de stabilisation quand (les gens déplacés) retourneront chez eux », a ajouté le porte-parole de l’armée rwandaise.
Après s’être montré réticent à toute intervention étrangère, insistant sur la souveraineté de son pays, indépendant du Portugal depuis 1975, le président mozambicain Filipe Nyusi avait aussi officiellement demandé début juillet l’aide militaire des Etats de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Le Botswana – dont le chef de l’Etat Mokgweetsi Masisi préside l’organe de la SADC chargé de la politique, la défense et la sécurité – a envoyé 296 soldats le 26 juillet.
Frontalière du Mozambique et puissance régionale, l’Afrique du Sud a annoncé le 28 juillet l’envoi immédiat de 1.495 militaires. Le lendemain, le Zimbabwe a annoncé son intention d’en envoyer 304 pour former les unités d’infanterie du Mozambique.
L’Angola devait déployer, à partir du 6 août, 20 officiers de l’armée de l’Air tandis que la Namibie contribuera à hauteur d’environ 400.000 dollars aux opérations de contre-insurrection.
MM. Nyusi – par ailleurs président en exercice de la SADC – et Masisi doivent officiellement inaugurer lundi la Mission de la SADC au Mozambique (Samim) à Pemba, la capitale de la province de Cabo Delgado.
Le 12 juillet, l’Union européenne a mis sur pied une mission militaire de formation des forces mozambicaines, afin de les aider à lutter contre l’insurrection islamiste.
Le Portugal participe déjà à la formation des troupes mozambicaines. Les instructeurs militaires portugais devraient constituer la moitié de la mission européenne.