Onze premiers corps ont été repêchés samedi après-midi lors d’une mission de routine d’un patrouilleur des garde-côte, au large de la ville de Güiria. Puis dimanche, « nous avons trouvé sur la plage trois morts, soit deux hommes adultes et une femme », a expliqué le ministère des Relations extérieures, dans un communiqué.
Un peu plus tôt dimanche, un député de cette région côtière du Venezuela, citant un rapport de la police avait fait état de onze morts.
« On présume que le bateau avait à son bord 30 passagers, ce qui signifie qu’il pourrait y avoir de nombreux disparus », avait déclaré à l’AFP Robert Alcala, parlementaire de l’État côtier de Sucre (nord-est), d’où le bateau est supposé être parti.
Un rapport de police, consulté par l’AFP, précisait dans un premier temps que les victimes étaient quatre hommes, quatre femmes, et trois enfants.
Selon des médias locaux, des recherches étaient en cours pour retrouver d’éventuels rescapés ou d’autres corps de disparus.
Le communiqué du gouvernement fait état de vingt passagers à bord du bateau disparu, qui aurait pris la mer le 6 décembre.
Il assure que la police locale n’a pas connaissance jusqu’à présent de familles s’inquiétant de la disparition de proches.
Les corps étaient attachés ensemble quand ils ont été récupérés -apparemment une tentative des victimes pour se protéger de la houle avant le naufrage- et ont été retrouvés dans un état de décomposition avancé. Ils ont été emmenés à la morgue de Güiria, selon M. Alcala.
Toujours selon ce parlementaire, le bateau avait quitté le Venezuela le 6 décembre pour Trinidad, où ses occupants auraient été détenus et renvoyés vers leur pays à bord du même navire pour immigration illégale, dans le cadre des mesures mises en place pour limiter le nombre de Vénézuéliens fuyant la crise dans leur pays.
« Les autorités de Trinidad ont commis la faute d’expulser des personnes à bord du bateau avec lequel elles étaient arrivées », a accusé M. Alcala, dénonçant par ailleurs la corruption des autorités vénézuéliennes, et l’existence de mafias responsables de trafics d’êtres humains opérant entre le Venezuela et Trinidad et Tobago.
Plus d’une centaine de Vénézuéliens ont disparu entre 2018 et 2019 en entreprenant cette dangereuse traversée, selon M. Alcala.
Le 28 novembre, les autorités de Trinidad ont expulsé 160 Vénézuéliens, accusés d’être entrés « illégalement » dans le pays par cette voie maritime.
Le chef de la diplomatie vénézuélienne, le ministre Jorge Arreaza (Parti socialiste unifié), a exprimé « ses sincères condoléances aux familles des victimes », tout en réaffirmant « la nécessité d’approfondir la lutte contre les mafias de traite des êtres humains qui promeuvent l’illégalité ».
Selon l’ONU, plus de cinq millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis 2015, contraints par la grave crise politique et économique que traverse le pays. 25.000 d’entre ont fui vers Trinidad et Tobago, pays insulaire de 1,3 million d’habitants.