« Il faut qu’on coure plus vite » que nos concurrents, a déclaré le PDG du groupe à des journalistes à Lorient lors de journées « innovation ».
« Pour nous, c’est la vitesse d’exécution qui va compter, l’ouverture au monde, la capture d’innovation et notre capacité à intégrer ces innovations le plus rapidement possible dans nos offres ».
« C’est important, pour garantir la souveraineté de la France, garder un tour d’avance par rapport à la concurrence internationale qui devient considérable ». Les Chinois sont devenus les numéros un mondiaux en 2018, a-t-il rappelé, et les Russes seront au deuxième rang en 2020.
Avec un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros l’an dernier et une marge opérationnelle de 7,4%, le groupe français « va bien », selon son patron.
Cela lui permet de consentir d’importants efforts d’investissements pour maintenir son avance technologique.
« Nous avons sur ces bases solides reconstruit un plan de conquête parce qu’une entreprise française a besoin de continuer à se développer, de continuer à garantir à la Marine nationale et à la France la supériorité technologique au combat », a-t-il souligné.
De fait, les besoins de la France seule sont insuffisants pour combler les baisses de charge entre le développement de deux générations de programmes de frégates ou de sous-marins.
« Entre les deux, évidemment l’export et le développement de nouveaux produits sont indispensables pour garder les compétences de nos bureaux d’études et de notre outil industriel », a expliqué Hervé Guillou.
De plus, « c’est grâce à ça que la France livre à la Marine des frégates pour près de 750 millions d’euros, quand les Allemands livrent des frégates moins armées à 975 millions et les Anglais en sont déjà, avant même d’avoir livré, à 1,2 milliard de livres », a-t-il assuré.
– L’intelligence artificielle au service des « oreilles d’or » –
Dans les immenses hangars des chantiers navals de Lorient, Naval Group a présenté des innovations technologiques issues du numérique, comme l’intelligence artificielle au service de la reconnaissance acoustique. Ainsi, l’IA pourrait à l’avenir venir en appui des « oreilles d’or », ces officiers mariniers capables d’identifier grâce au sonar les bruits à l’extérieur du bâtiment.
De même, la réalité augmentée, qui projette virtuellement dans le champ visuel la maquette 3D des équipements, permet d’aider les matelots pour des opérations de maintenance des navires parfois délicates en mer, et de remplir en temps réel le rapport d’intervention. Outre le gain de temps, cela permet de réduire les équipes de maintenance, qui ont diminué d’un tiers à bord des frégates.
Enfin, Naval Group s’appuie sur la méthodologie du « design thinking » pour définir l’environnement du navire ou l’interface homme-machine, comme les écrans de contrôle autour des alarmes, afin de faciliter les opérations et améliorer la vie à bord.
« Ce qui change aujourd’hui, notamment avec l’arrivée déferlante du +digital+, c’est que les sources d’innovation se sont considérablement élargies », a souligné Hervé Guillou. Il y a « à la fois une énorme dispersion du savoir (et) les cycles technologiques évoluent beaucoup, beaucoup plus vite qu’avant ».
Ainsi, auparavant, il y avait une refonte du système de combat par bateau, soit deux par génération de navire. Aujourd’hui, les frégates de défense et d’intervention (FDI) auront « 5-6, peut-être 7 générations » de système de combat. Il faut « être capables d’innover sur la façon de concevoir les navires, les architectures, la dimension numérique du navire, sur la digitalisation du processus. Nous devons anticiper et investir dans nos processus, nos méthodes », a-t-il insisté.
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