« La définition du durable peut être édulcorée jusqu’à devenir pratiquement dénuée de sens. Avec le label MSC, c’est la seconde option qui a été maintes fois choisie », déclare Jennifer Jacquet, professeur adjoint à l’Université de New-York et l’un des onze auteurs de l’étude, citée dans un communiqué de l’ONG Bloom.
Les chercheurs se sont penchés sur 19 « objections » formulées par des ONG à des certifications label Marine Stewardship Council (MSC), projet conjoint entre le WWF et Unilever né en 1997, aujourd’hui délivré à 190 pêcheries. Le MSC est en passe de labelliser près de 10% du total dans le monde.
Les labels contestés portaient sur 35% de la totalité des produits de la mer labellisés MSC. Evaluées par un arbitre indépendant désigné par le MSC, 18 des certifications ont été maintenues.
« Notre étude indique que, même si elles ont reçu leur certification, de nombreuses pêcheries ne respectent pas les principes de la certification du MSC ». Elle « est trop clémente et discrétionnaire », résument-ils.
Pour Claire Nouvian, directrice de Bloom et co-auteur de l’étude, « toutes les objections étaient justifiées ». « On montre qu’en fait, il y a un vrai problème avec la biomasse des poissons (durabilité des stocks, ndlr), les incidences sur les écosystèmes ou des prises accidentelles », les trois critères retenus pour accorder le label, explique-t-elle à l’AFP. « Au moins un des trois aspects est vraiment mis en cause » dans chaque cas, assure-t-elle.
L’étude donne l’exemple de la pêche à la palangre ciblant l’espadon au Canada. Selon elle, pour 20.000 espadons capturés par an, 100.000 requins, 1.200 tortues caoucannes menacées et 170 tortues luth en voie de disparitions sont pêchées.
Le MSC reste « le seul label sérieux et transparent », « et on voudrait que ses défauts soient corrigés de façon satisfaisante », tient néanmoins à souligner Claire Nouvian.
Réagissant à cet article, le MSC met en avant un conflit d’intérêt de certains auteurs et des problèmes de méthodologie. « Plus d’un tiers des objections citées ont été présentées par les co-auteurs ou des institutions qui les emploient », déclare-t-il dans un communiqué.
Les conclusions de cette étude « se basent sur des critiques déjà formulées par des ONG de défense de l’environnement qui se sont avérées être fausses », poursuit-il.