Le texte co-sponsorisé par la Chine et par des pays non membres du Conseil (Bélarus, Corée du Nord, Erythrée, Nicaragua, Venezuela et Syrie) a recueilli 3 voix (Russie, Chine, Brésil), les 12 autres membres du Conseil s’abstenant.
Il aurait fallu 9 votes favorables, sans veto d’un membre permanent, pour l’adopter.
La résolution demandait au secrétaire général de l’ONU de créer cette commission pour « conduire une enquête internationale exhaustive, transparente et impartiale concernant tous les aspects du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, y compris l’identification des auteurs, des commanditaires, des organisateurs et des complices ».
La Russie a justifié sa demande en affirmant avoir été écartée des enquêtes lancées par la Suède, l’Allemagne et le Danemark, pays frontaliers du sabotage — qui ont rejeté cette accusation.
« Nous avons des doutes importants et très fondés quant à l’objectivité et à la transparence des enquêtes nationales conduites par certains Etats européens », a insisté lundi l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia, évoquant en outre des « soupçons » d’actions menées sous le couvert des enquêtes pour « cacher des preuves et nettoyer la scène de crime ».
« Je crois qu’après le vote d’aujourd’hui, les soupçons concernant qui est derrière le sabotage de Nord Stream sont évidents », a-t-il ajouté.
De nombreux membres du Conseil ont rejeté l’idée d’une commission internationale, assurant de leur confiance les trois pays menant les enquêtes, et dénonçant une tentative de la Russie de détourner l’attention d’invasion de l’Ukraine.
Cette résolution était « une tentative de discréditer les enquêtes nationales (…) et de porter préjudice à leurs futures conclusions si elles ne correspondent pas au récit politique prédéterminé de la Russie », a déclaré l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood, rejetant « catégoriquement les accusations infondées de la Russie » contre les Etats-Unis.
Une précédente version du texte vue par l’AFP soulignait que les sabotages avaient eu lieu après « des menaces répétées contre Nord Stream » de la part des Etats-Unis. Une référence qui n’était plus présente dans le texte mis au vote lundi.
Près de six mois après les explosions qui ont touché les gazoducs Nord Stream 1 et 2, la responsabilité de l’attaque sous-marine reste encore mystérieuse.
Dans un article récent, le journaliste américain d’investigation Seymour Hersh a écrit que des plongeurs de l’US Navy, aidés par la Norvège, auraient posé en juin des explosifs déclenchés trois mois plus tard. Washington a jugé ces informations « totalement fausses ».
Le New York Times a pour sa part désigné un « groupe pro-ukrainien » opposé au président russe Vladimir Poutine, sur la base d’informations consultées par le renseignement américain. Accusations démenties par Kiev et qualifiées par Moscou de « coup médiatique coordonné ».