Ce projet qui a démarré début mars, nommé Delmoges, sera porté par l’Institut français de recherche pour exploitation de la mer, La Rochelle Université et le CNRS, selon un communiqué publié cette semaine. Il « vise à mieux comprendre les interactions entre dauphins et activités de pêche pour mieux identifier les solutions qui diminueront ces captures accidentelles ».
« Depuis 2016, les échouages de petits cétacés présentant des marques de captures par filet de pêche atteignent des niveaux inédits dans le golfe de Gascogne, avec des captures accidentelles annuelles estimées entre 3.000 et 11.000 dauphins dans cette zone, pour une population à l’échelle européenne de 680.000 individus », rappelle l’Ifremer dans son communiqué.
Pour l’Ifremer, « le nombre de dauphins communs fréquentant le golfe de Gascogne en hiver ne montre pas de déclin », mais « les estimations scientifiques actuelles soulignent l’existence d’un risque »: « si les niveaux élevés de captures accidentelles persistaient, le maintien de la population pourrait être engagé à long terme », poursuit-il.
Le projet Delmoges, d’une durée de trois ans, a pour objectif de « produire de nouvelles connaissances scientifiques pour ensuite aider au développement de mesures de réduction des mortalités », sans toutefois « affecter l’activité de pêche de manière disproportionnée ».
Pour l’institut Pelagis, qui suit les échouages depuis 1972, « la capture dans un engin de pêche reste la principale cause de mortalité observée chez le dauphin commun ».
Les niveaux d’échouage sur les côtes françaises « suggèrent des niveaux de capture qui ne sont pas soutenables pour les populations de dauphins communs dans le golfe de Gascogne », précise l’institut de recherche, qui rappelle sur son site internet qu’un groupe de travail national a été mis en place en 2017 pour faciliter notamment « l’acquisition de connaissance » et voir comment réduire les captures.
Pour la Commission européenne, la France ne remplit pas ses obligations envers le dauphin commun, une espèce protégée. Une procédure d’infraction a été ouverte en juillet 2020.
Le Ciem, organe scientifique qui surveille les écosystèmes de l’Atlantique nord et le niveau des stocks de poissons, recommande dans le golfe de Gascogne « une combinaison de fermetures temporelles pour tous les métiers concernés et l’usage de pingers » (dispositifs acoustiques destinés à éloigner les cétacés) sur certains chalutiers pélagiques ou propose encore une réduction de l’effort de pêche de 40%.