« Je suis né dans un pays enclavé, là où la mer était plutôt un doux rêve (…). En 1994, quand je suis arrivé dans les Côtes-d’Armor, à la suite du génocide (des Tutsi au Rwanda, ndlr), la mer m’a adopté tout autant qu’elle m’a construit », a-t-il déclaré lors de la passation avec sa prédécésseure Justine Bénin, qui quitte le gouvernement après avoir été battue aux législatives.
En orphelinat à Kigali dès avant le début du génocide, il avait été évacué avec son frère aux premiers jours et adopté à l’âge de 4 ans par une famille de Pluduno (Côtes-d’Armor). Il n’était revenu qu’en 2015 au Rwanda, où une partie de sa famille d’origine, tutsi, a été décimée durant le conflit.
A l’Assemblée nationale, il s’était surtout engagé sur les questions d’aide au développement et fut le « représentant personnel » d’Emmanuel Macron à Kigali en 2019 lors de la 25e commémoration du génocide au Rwanda.
Il a été réélu député en juin avec 55,9% des suffrages face à un candidat Nupes.
A la tête d’un secrétariat d’Etat rattaché à la Première ministre, Hervé Berville, seul Breton à entrer au gouvernement, a affiché ses priorités: en premier lieu, « défendre les intérêts de nos pêcheurs », en agissant « face à la hausse des prix du carburant », ne laissant « aucun pêcheur sans solution à la suite du Brexit ».
– « Renouvellement de la flotte » –
Il s’agit aussi de « répondre aux attentes des Français en matière environnementale, en protégeant l’océan, la biodiversité, en luttant contre le changement climatique », notamment en mettant en place une « gestion durable des ressources marines » et en s’attaquant à « la question des pollutions », notamment du plastique dans les océans.
Enfin, il a souligné qu’avec la transition écologique, l’autre grand défi serait « celui de la transition énergétique, notamment le développement des énergies marines renouvelables ».
Il est attendu de pied ferme par les pêcheurs, qui veulent voir « la pêche reconnue à sa juste valeur économique et dans le cadre de la planification écologique », a indiqué à l’AFP le directeur général du Comité national des pêches, Hubert Carré.
Les professionnels sont notamment vigilants sur « les critères de renouvellement de la flotte » de bateaux de pêches.
« Rien ne prédestinait » Hervé Berville à la mer selon ses propres dires. Il a suivi des études à Sciences Po Lille et à la London School of Economics, avant d’assurer des missions d’économiste pour l’Agence française de développement (AFD) au Mozambique.
Un temps proche du PS, il rejoint à l’automne 2015 le collectif « Les Jeunes avec Macron », avant d’en devenir le référent Côtes-d’Armor pour la présidentielle.
Elu au Palais-Bourbon en 2017, parmi les cadets, il siégeait à la commission des Affaires étrangères et était devenu un des porte-parole des députés Marcheurs.
En 2018, il a adressé un rapport au Premier ministre sur la modernisation de l’aide au développement. Il a été l’année dernière le rapporteur d’un projet de loi de réforme de l’aide française au développement, avec des moyens renforcés et recentrés vers dix-huit pays africains et Haïti.
Autre front pour M. Berville: la lutte contre le racisme, dont il n’avait pas souffert jusqu’alors. Avec d’autres élus à la peau noire, il a été la cible début 2019 de menaces de mort, leur auteur déplorant qu’il ait « malheureusement échappé aux machettes du Rwanda ».