« Cela fait plus de 20 ans que le Sénat existe et tous les ans, nous faisons le même constat et rien ne change », a déclaré à la presse Hippolyte Sinewami en présentant officiellement sa démission, estimant que le Sénat coutumier ne répond pas aux enjeux de la société kanak et pointant son instrumentalisation au service du gouvernement de Nouvelle-Calédonie.
« Le Sénat fonctionne comme un service du gouvernement et ne représente pas toutes les chefferies », a ajouté Hippolyte Sinewami, déplorant également le silence du Sénat coutumier durant les troubles qui ont frappé la Nouvelle-Calédonie à partir du 13 mai.
Créé dans la foulée des accords de Nouméa en 1999, le Sénat coutumier est composé de 16 membres issus des huit aires coutumières de Nouvelle-Calédonie, qui sont désignés par les « conseils coutumiers ».
Le Sénat coutumier est compétent pour émettre un avis à l’égard des projets et propositions de loi du pays relatifs aux signes identitaires de la Nouvelle-Calédonie, du statut civil coutumier mais aussi du régime foncier et des terres coutumières.
Son bilan est toutefois en demi-teinte, les sénateurs reconnaissant eux-mêmes disposer de peu de compétences et n’être pas écoutés. Parallèlement, la démission d’Hippolyte Sinewami, une figure importante du monde kanak, témoigne de dissensions entre différentes institutions autochtones.
Hippolyte Sinewami est également grand chef du district de La Roche, sur l’île de Maré, et président du Conseil des grands chefs (Inaat ne Kanaky), une institution créée à l’automne 2022 pour « représenter la coutume et l’identité kanak lors des discussions futures » sur le statut de l’île.
Il a appelé les chefferies coutumières à se restructurer et à engager des réflexions sur le foncier, un sujet particulièrement sensible pour le monde kanak, dans la perspective de l’Assemblée du peuple kanak qui doit se tenir à Balade (nord-est) le 24 septembre.
Sollicité par l’AFP, le Sénat coutumier n’a pas souhaité réagir.