« Mise sous tutelle » aux yeux des indépendantistes, attentisme pour les loyalistes: l’arrivée de Jean-François Carenco au ministère délégué des Outre-mer témoigne d’un dialogue difficile entre les deux camps et la métropole.
Le nouveau ministre délégué devra ainsi « recréer les conditions du dialogue entre non-indépendantistes et indépendantistes », selon Thierry Santa, ex-président (LR) de Nouvelle-Calédonie (2019-2021).
La perte d’un ministère de plein droit, inédite depuis 2012, est une « totale régression » et « une mise sous tutelle des Outre-mer », selon le porte-parole du Palika-FLNKS (indépendantiste) Charles Washetine.
Pour relancer le dialogue, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé mardi sur BFMTV qu’il se rendrait en Nouvelle-Calédonie le 26 juillet et pour « plusieurs jours » avec son ministre délégué.
« Je prendrai tout mon temps, à la demande du président et de la Première ministre, pour voir comment nous pouvons bâtir ensemble l’avenir institutionnel de l’île », a déclaré M. Darmanin.
Jean-François Carenco n’arrive pas en terre inconnue: le ministre a été secrétaire général du Haut-commissariat Nouvelle-Calédonie, deux ans après les accords de Matignon en 1988, qui ont mis fin à des années de violences entre les « pro » et « anti » indépendance.
« Tout au long de ces trente dernières années, il a continué à entretenir des liens avec les différents responsables politiques calédoniens », a rappelé Philippe Gomes, ex-député (UDI) calédonien.
Après le troisième et dernier référendum sur l’indépendance tenu en décembre 2021, les acteurs calédoniens et l’Etat ont convenu de discuter d’un nouveau statut des institutions calédoniennes.
Mais le dernier scrutin a été boudé par les indépendantistes kanaks, qui en réclamaient le report et le considèrent comme « illégitime ».
Les critiques néo-calédoniennes se joignent à celles d’autres élus ultramarins, inquiets du rattachement du ministère des Outre-mer à l’Intérieur.
Davy Rimane, député guyanais soutenu par la France insoumise, s’est ainsi ému dans un tweet du « symbole du mépris, du manque de considération et de cette vision répressive et coloniale de la gestion des dossiers des Outre-mer », désormais dans le portefeuille de Gérald Darmanin.