Partie du port de Dégrad-des-Cannes, près de Cayenne, la mission « La Planète revisitée » doit se dérouler jusqu’à la mi-août avec la collecte de biodiversité sous-marine « négligée » le long de la zone côtière guyanaise (autour des Îles du Salut) et en mer hauturière (réserve marine du Grand Connétable).
Seuls 20% de la biodiversité mondiale seraient connus à ce jour. « Il reste aujourd’hui sans doute entre 5 et 10 millions d’espèces à découvrir » à travers le monde, « dont beaucoup sont en voie d’extinction. Le quart, voire la moitié, des espèces pourrait disparaître d’ici le milieu ou la fin du siècle », selon Philippe Bouchet, professeur au département Systématique et Évolution du Muséum, qui encadre la mission.
« De l’estuaire de l’Amazone jusqu’au Venezuela, c’est une tache blanche sur l’exploration de la biodiversité. Je suis sûr que le potentiel est très important au delà de 50-60 mètres en Guyane. J’espère revenir dans quelques semaines, quelques mois, avec des images qui feront dire +on n’imaginait pas du tout ça en Guyane, en terme de couleurs, de bizarreries+ », ajoute le zoologiste.
Les missions « La Planète revisitée » ont débuté en 2006. « On veut être plus ambitieux, développer des moyens que les scientifiques développent habituellement à l’échelle individuelle. Nous déployons des moyens pas ordinaires dans des territoires dont ne se sont pas occupés les chercheurs et où on pense qu’il y a un potentiel de découvertes important », explique Philippe Bouchet.
En 2006, une mission menée sur l’île Santo au Vanuatu a débouché sur « 157 publications et 232 espèces nouvelles décrites ». En 2009-2010, les chercheurs se consacraient au Mozambique et à Madagascar où, « pour la première fois dans l’histoire de l’océan Indien », des sources froides sous-marines ont été découvertes. Le programme engagé en 2012 en Papouasie-Nouvelle-Guinée s’achève quant à lui.
Après le volet maritime, un module terrestre se déroulera dans l’intérieur de la Guyane, à la frontière avec le Brésil, en mars 2015 pour l’échantillonnage d’invertébrés, plantes et champignons.
Avec la découverte de nouvelles espèces, le MNHN complètera ses collections nationales, qui font partie des trois plus grandes au monde.