Nouvelles tensions anglo-espagnoles sur la souveraineté de Gibraltar

Selon la version de Londres, le Ramon Margalef, a procédé pendant plus de 20 heures, les 18 et 19 novembre, à des relevés dans les eaux de Gibraltar, territoire britannique revendiqué par l’Espagne.

Il se serait aventuré jusqu’à 250 mètres de l’entrée du port.

Le commandant espagnol contacté par radio aurait refusé de quitter les lieux, en dépit de plusieurs mises en demeure.

Interrogé, le ministère espagnol des Affaires étrangères, n’avait toujours pas réagi mardi dans la soirée.

Mardi après-midi, la marine britannique a diffusé une photo d’un de ses canots pneumatiques de patrouille, bord à bord avec le bateau intrus.

Un porte-parole du ministère de la défense a pour sa part dénoncé « une violation de la convention des Nations unies sur le droit de la mer ».

Londres a indiqué avoir convoqué mardi l’ambassadeur Federico Trillo au Foreign Office, afin de lui exprimer le mécontentement du gouvernement de sa Majesté.

« Je condamne vivement cette incursion provocatrice dans les eaux territoriales britanniques de Gibraltar, et demande expressément au gouvernement espagnol de faire en sorte que cela ne se reproduise pas », a déclaré dans un communiqué le secrétaire d’État à l’Europe, David Lidington.

« Nous sommes prêts à tout mettre en oeuvre pour protéger la souveraineté de Gibraltar, de son économie et de sa sécurité », a-t-il insisté.

Le ministre des Affaires étrangères William Hague a de son côté précisé sur Twitter avoir personnellement « ordonné la convocation » du représentant diplomatique –troisième du genre et toujours à propos de Gibraltar– depuis l’avènement d’un nouveau gouvernement à Madrid en 2011.

Le gouvernement de Gibraltar a également qualifié les faits « d’intrusion intolérable dans les eaux britanniques », dans un communiqué.

Le différend bilatéral vieux de trois siècles entre les deux États membres de l’Union européenne a été à l’origine d’une guerre des mots et de frictions diplomatiques cet été.

Le nouvel épisode a été déclenché quand l’Espagne s’est élevée en juillet contre la construction d’un récif artificiel près des côtes de Gibraltar. Selon Madrid, ce récif empêche l’accès des pêcheurs espagnols à une zone riche en fruits de mer. Il enfreindrait par ailleurs les règles européennes en matière d’environnement.

Londres a pour sa part accusé l’Espagne d’avoir renforcé les contrôles au point de passage entre Gibraltar et l’Espagne, par mesure de représailles.

Prise à témoin, la commission européenne a jugé le 15 novembre que les contrôles des personnes et des biens exercés par les autorités espagnoles n’étaient « pas excessifs ».

En octobre, le contentieux a aussi été porté devant les Nations unies à New York. Le chef du gouvernement de Gibraltar, Fabian Picardo, y a accusé « des secteurs entiers du gouvernement espagnol et des médias » de mener « une campagne haineuse » contre le rocher. Des propos immédiatement dénoncées comme « inacceptables » par l’Espagne.

L’Espagne a cédé le petit territoire de 6,7 km2 à l’Angleterre à l’issue d’un conflit militaire en 1713. Elle revendique vainement depuis des décennies le retour dans son giron de Gibraltar, qui abrite aujourd’hui une base navale britannique et de renseignement.

« Nous pensons qu’il est dans l’intérêt de l’Espagne, de Gibraltar et de la Grande-Bretagne d’éviter les incidents de ce genre, qui réduisent les chances d’établir le dialogue et la coopération », a professé mardi M. Lidington.

Le gouvernement du conservateur David Cameron a toutefois souligné à maintes reprises qu’il n’entendait pas transiger sur la question de la souveraineté, fort de l’assentiment d’une écrasante majorité des quelque 30.000 habitants.

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