Les diplomates qui négocient d’arrache-pied au bord du lac Léman depuis de longs mois sur ces deux dossiers ont mis un point final à leur discussions et c’est maintenant aux responsables politiques de négocier et de tenter d’arriver à un accord pendant la conférence ministérielle à Genève, du 12 au 15 juin.
L’OMC a annoncé dans la nuit que le projet de texte qui doit permettre de supprimer les subventions préjudiciables dans le domaine de la pêche – qui occupe l’organisation depuis 20 ans – est désormais aux mains des ministres et que ce sera à eux d’essayer de trouver un terrain d’entente sur les points de contentieux qui subsistent.
« Tous les problèmes n’ont pas été résolus et il y a dans ce brouillon des choses sur lesquelles les membres ne sont pas d’accord ou sur lesquelles je n’ai pas vu de terrain d’entente précis », a prévenu Santiago Wills, l’ambassadeur colombien qui a piloté les négociations, tout en mettant en avant les progrès faits ces derniers mois, dans un communiqué diffusé dans la nuit.
L’OMC fonctionnant par consensus, il faut que les 164 pays membres s’entendent pour conclure.
L’accord sur la pêche, qui s’inscrit dans les objectifs du millénaire de l’ONU, doit supprimer les subventions qui peuvent encourager la surpêche ou les prélèvements illégaux.
L’ambassadeur a noté des progrès notamment sur l’épineux sujet de « territorialité », le texte écartant l’idée que les querelles d’appartenance territoriale – nombreuses et ultra-sensibles – ne seront pas réglées par un panel de l’OMC. Des progrès ont aussi été faits pour définir le mécanisme de traitement préférentiel réservé aux pays en développement tout comme sur les subventions aux carburants.
« Plus nous attendons et plus les poissons vont perdre. Et plus les poissons perdent, plus nous allons tous perdre », a souligné l’ambassadeur.
Le succès de la conférence se mesurera grandement à l’aune de l’adoption ou non de ce texte.
Mais aussi à l’issue sur la levée temporaire des brevets sur les vaccins contre le Covid-19.
Les ministres vont discuter de deux textes, aussi finalisés vendredi.
L’un doit faciliter la circulation des ingrédients nécessaires à la lutte contre l’actuelle et les futures pandémies, l’autre doit permettre une levée temporaire sur les brevets des vaccins anti-Covid.
Ce dernier sujet divise, l’industrie pharmaceutique y voyant un affaiblissement de la propriété intellectuelle. Pour les ONG le texte ne va pas assez loin pour être réellement efficace.
L’issue reste incertaine.
« Cela a été un processus très difficile, vraiment difficile », a reconnu la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala.
« Nous avons fait du mieux que nous avons pu », a-t-elle ajouté, selon un communiqué de l’OMC.