« On ne résout pas une crise politique par la force », a assuré mardi à l’AFP cette avocate, élue la veille présidente de la LDH, association fondée en 1898.
« Ce qui est très très triste aujourd’hui, c’est de voir que ce sont les extrémistes qui ont pignon sur rue et que le gouvernement attise, en plus de cela, les braises », a dénoncé Nathalie Tehio, dont la famille vit en Nouvelle-Calédonie, archipel où six personnes ont été tuées depuis le début des émeutes, inédites en quarante ans.
Le gouvernement à Paris est « seulement dans la répression » alors qu’il « faut résoudre ce problème politique », a-t-elle dénoncé.
« Il faut en passer par le dialogue », insiste celle dont le père a été le conseiller de Jean-Marie Tjibaou, indépendantiste signataire des accords de Matignon en 1988, tué par balle par un Kanak en 1989.
« Il y a des dirigeants politiques qui cherchent le chemin du dialogue et il est dommage que le gouvernement français ne s’appuie pas sur eux », a-t-elle regretté.
Le vote au parlement à Paris d’une réforme qui prévoit le dégel du corps électoral aux élections provinciales a mis le feu aux poudres. Depuis, les appels se sont multipliés, de la gauche à l’extrême droite en passant par la majorité et jusqu’à la maire loyaliste de Nouméa, pour réclamer un report de l’adoption au Congrès.
« La devise actuelle de la Nouvelle-Calédonie, c’est terre de parole, terre de partage, et on était arrivé à ça » avec les accords de Matignon, prolongés par l’accord de Nouméa (1998), s’est remémoré Mme Tehio, « pour que tout le monde puisse vivre ensemble ».
« J’ai beaucoup de tristesse », a-t-elle poursuivi, affirmant que l’on sentait depuis 1988 « quand même les prémices, la possibilité d’un avenir commun et là non ». « Je suis très triste parce que je me demande: est-ce qu’il va y avoir un avenir commun possible? »
« Peut-être que je suis très pessimiste parce que ça me touche douloureusement personnellement », a glissé la présidente de la LDH, dont le père fut avocat des indépendantistes.
Ce mardi, l’interdiction de l’application TikTok est contesté devant le Conseil d’Etat par des défenseurs des libertés, dont la LDH. « On considère que c’est une atteinte très grave à la liberté d’expression », a déclaré Nathalie Tehio.