Les tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea), une espèce classée comme « vulnérable » placée sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), viennent pondre entre juin et août sur les plages de cette station balnéaire située à une centaine de kilomètres au nord de Panama.
« Si la tortue place le nid dans un endroit où il n’est pas en danger, où la marée ne risque pas de le découvrir, il est laissé là et on n’y touche pas », explique Sofia.
Si l’endroit choisi n’est pas adéquat, selon les membres de l’association Tortubanks, les oeufs sont récupérés après le départ de la mère et entreposés dans la nurserie à quelques mètres de la plage, dans l’attente de l’éclosion quelque deux mois plus tard.
Tortubanks héberge ainsi cette saison 23 nids, d’environ 100 oeufs chacun. Sur le sable où les oeufs sont enfouis, un petit panneau indique la date d’éclosion estimée en fonction de la date de ponte.
« L’objectif est de sensibiliser » la population et « de relocaliser les nids afin de les protéger des prédateurs naturels », indique Pilar Crespo, la mère de Sofia.
« Il est très fréquent aussi qu’au village des personnes viennent la nuit creuser les nids pour manger les oeufs ou les vendre ». Dans la nurserie ils sont ainsi « protégés », ajoute-t-elle.
Après les avoir retirés un à un du nid, débarrassés de leur coquille, Sofia et sa mère placent les bébés tortues dans un bac rempli de sable et les transportent avec précaution à une dizaine de mètres du rivage. Instinctivement, les tortues se tournent vers l’océan et s’en approchent à toute hâte pour être emportées par les flots.
Sofia explique l’importance pour les bébés tortues de fouler le sable avant de se jeter à l’eau, afin qu’ils « mémorisent » l’endroit où ils sont nés.
Des études citées par Plastic Oceans et Sea Turtle Conservancy suggèrent que, dès leur naissance, les tortues apprennent la « signature magnétique », les coordonnées de leur plage natale. Ainsi, les femelles adultes fécondées reviendront pondre là où elles sont nées.
Mais selon l’ONG World Wide Fund for Nature (WWF), seule une de ces tortues sur 1.000 atteindra l’âge adulte, les autres auront été victimes de prédateurs, de pêche accidentelle ou de traque humaine pour leur carapace.