Le partenariat franco-italien, qui fera l’objet d’une réflexion jusqu’à l’été prochain, vise à « créer un champion mondial dans le naval », a déclaré le président de la République Emmanuel Macron à l’occasion du 34e sommet franco-italien à Lyon.
Le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni a confirmé l’objectif de « créer un grand champion de l’industrie navale civile et militaire », à travers des discussions auxquelles participeront les forces armées, les protagonistes de l’entente STX-Fincantieri et pour l’Italie des groupes comme Leonardo Finmeccanica.
Un groupe de travail va étudier d’ici l’été 2018 la possibilité d’une telle alliance. Ce comité de suivi de haut niveau, composé de représentants des deux gouvernements et des dirigeants des deux entreprises, sera mis en place dans les prochains jours.
« Ce vers quoi nous nous orientons, c’est déjà de structurer des projets nouveaux, des coopérations nouvelles et de définir entre nos grands acteurs, sans être exclusifs », a précisé Emmanuel Macron.
« C’est une logique stratégique, militaire, industrielle (…) qui ne donnera pas forcément lieu à court terme à des rapprochements capitalistiques et industriels », a-t-il ajouté.
Du point de vue italien, l’idée est de bâtir « un champion mondial dans le secteur naval », ont indiqué à l’AFP des sources proches des ministères italiens du Développement économique et des Finances.
L’étude est lancée alors qu’Emmanuel Macron a plaidé mardi, dans un discours solennel à La Sorbonne, pour une véritable Europe de la Défense.
Souhaité par le patron de Naval Group, Hervé Guillou, et celui de Fincantieri, Giuseppe Bono, qui fut le premier à évoquer « un Airbus des mers », un tel rapprochement pourrait faire naître un pôle de naval européen pour mieux résister à la concurrence accrue de la Chine, de la Corée du Sud ou de la Russie.
Dans un communiqué commun, les deux dirigeants se sont dits « impatients de concrétiser ensemble (leur) ambition européenne ». « Ce projet doit permettre de soutenir notre développement international dans un contexte de concurrence accrue sur le marché du naval militaire, tout en poursuivant nos missions respectives au service des marines française et italienne. »
– ‘Nous nous plaison’ –
Interrogé sur un éventuel rapprochement avec Fincantieri, Hervé Guillou avait déclaré l’été dernier: « nous nous plaisons et il n’y pas 150 partenaires potentiels. »
Le Gican, qui représente la filière navale française, a salué « cette nouvelle coopération doit renforcer l’excellence technologique et le socle de compétences exceptionnelles de toute la filière »
« Deux éléments font dire que c’est important de considérer cela comme un pas en avant essentiel », a expliqué à l’AFP un expert du secteur, sous couvert d’anonymat. « C’est d’abord la coopération industrielle à l’échelle européenne. Il y a une volonté d’aller vers une Europe de la défense renforcée, c’est une traduction immédiate de ce que ça pourrait incarner. »
« Le monde a beaucoup changé depuis les années 2000, a-t-il poursuivi. On est passé de quelques chantiers à une prééminence des chantiers asiatiques très compétitifs à l’international, qui sont en phase de regroupement, avec des possibilités de production et de synergies démultipliées ».
De plus, les agences étatiques russes « sont dans des phases extrêmement offensives de développement à l’international », a-t-il fait valoir en relevant que les constructions neuves représentaient en 2016-2017 environ 75 milliards d’euros dans le civil et 30 à 35 milliards dans le naval militaire.
Récemment, la ministre italienne de la Défense Roberta Pinotti rappelait que Paris et Rome collaborent déjà dans la construction de frégates (programmes Fremm et Horizon). « Pas seulement: nous sommes en train de réaliser un navire logistique et bientôt nous aurons une embarcation avec un équipage mixte ».
Les deux groupes pourraient dégager des synergies en termes de recherche, de bureaux d’études, commerciaux mais aussi d’infrastructures.
Les chantiers STX (ex-chantiers de Saint Nazaire) disposent d’une cale de grande capacité pour la construction de navires géants de type porte-avions, un élément de souveraineté pour la France.
Ils pourraient à moyen terme travailler sur des bâtiments logistiques, des pétroliers ravitailleurs, à horizon 5 à 10 ans.
dlm-cco/fka/aro/ggy
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