Le Japon, accusé de pratiquer de la chasse commerciale sous couvert de recherche, s’est montré offensif dès les débuts des travaux et a demandé un assouplissement du moratoire de 1986 qui proscrit la chasse commerciale.
La commission scientifique de la CBI « a confirmé que certaines populations de baleines ont été reconstituées », a fait valoir Tokyo dans une déclaration écrite.
« Le moratoire sur le chasse commerciale devrait et pourrait être levé en fonction de l’état des populations des différentes espèces », estime le Japon.
De nombreux pays sont au contraire foncièrement opposés à un assouplissement du moratoire qui a permis d’épargner des centaines de milliers de baleines, dont les populations ont été décimées par la chasse intensive au 20e siècle.
Lundi, au nom de l’Union européenne, les Pays-Bas ont affirmé « soutenir fermement le maintien du moratoire et invite les pays qui continuent la chasse à cesser leurs activités ».
Outre le Japon, la Norvège et l’Islande continuent également à chasser les baleines, en s’appuyant sur une disposition juridique du moratoire, qui a permis à des pays ayant émis « des réserves » lors de son adoption de ne pas l’appliquer.
D’autres pays – Canada, Russie, Danemark – ont eux des quotas autorisés au titre de la chasse de subsistance pratiquée par des populations locales.
Malgré une condamnation en 2014 par la Cour de justice internationale, Tokyo a repris en 2015/2016 ses campagnes de chasse à la baleine, notamment dans l’Antarctique.
Quelque 300 spécimens ont été tués par des baleiniers japonais lors de la campagne 2015-2016.
De nombreux pays contestent que les Japonais aient besoin de capturer autant de cétacés dans un but scientifique.
« Il est clair que les objectifs de recherche mis en avant par le Japon pourraient être poursuivis en employant des moyens non létaux », a affirmé lundi la Nouvelle-Zélande.
– La CBI dans l’impasse? –
La Commission baleinière, réunie à Portoroz jusqu’à vendredi, doit d’ailleurs examiner cette semaine une proposition de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande pour que les programmes de chasse à des fins scientifiques soient examinés par des experts de la Commission.
La création d’un sanctuaire dans l’Atlantique sud est l’un des autres grands sujets qui sera âprement discuté.
Pour être entériné, ce projet de sanctuaire, déjà rejeté en 2014 et 2012, doit être approuvé par 75% des pays.
Plusieurs nations sud-américaines – Argentine, Brésil, Uruguay – ainsi que l’Afrique du Sud et le Gabon défendent la création de ce sanctuaire avec l’espoir de développer le tourisme d’observation des baleines. Le Japon y est opposé.
Commentant le fossé entre les pro et les anti chasse à la baleine, le chef de la délégation japonaise, Joji Morishita, s’est montré pessimiste quant aux chances d’arriver à des compromis au cours de la semaine.
« Un camp (…) défend une protection totale et en toutes circonstances des baleines » et d’autres pays « comme le Japon sont partisans d’une utilisation durable des ressources marines, dont les baleines », a-t-il déclaré à la presse.
« Ces positions sont tellement fondamentalement éloignées que cela créé des problèmes, un immobilisme et une impasse pour cette organisation », a-t-il estimé, craignant de voir les pays camper sur leurs positions « réunion après réunion ».
La Commission baleinière internationale fête cette année ses 70 ans d’existence. Elle a au départ été créée pour gérer la chasse commerciale à la baleine, qui battait son plein au milieu du 20e siècle, avant d’endosser un rôle de protection de ces cétacés.
Les scientifiques et les partisans d’une plus grande protection des baleines soulignent que si la pression de la chasse a fortement diminué, ces animaux sont confrontés à une pollution grandissante, notamment sonore, et à un trafic maritime en expansion.