La statue de Piet Hein, un amiral du XVIIe siècle lié à la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales et considéré comme un des plus grands héros de la marine hollandaise, a été taguée avec les mots « Tueur » et « Voleur » pendant la nuit à Rotterdam.
Des mains rouges ont par ailleurs été peintes sur un centre d’art de cette ville portuaire nommé en l’honneur du capitaine de la flotte de Piet Hein, Witte de With.
Toujours à Rotterdam, une statue de l’homme politique d’extrême droite Pim Fortuyn, assassiné en 2002, a été partiellement recouverte de ruban adhésif noir et barbouillée de divers slogans, dont « Non au racisme ».
Des militants d’un groupe se faisant appeler les « Héros de jamais » ont revendiqué avoir défiguré ces « statues de personnalités douteuses » pour « critiquer la glorification du colonialisme néerlandais et du meurtre de Pim Fortuyn ».
Ils ont déclaré sur leur compte Instagram s’être inspirés du mouvement Black Lives Matter parti des Etats-Unis.
La ministre de l’Education Ingrid van Engelshoven a désapprouvé l’initiative. « Il est certes bon de lancer la discussion sur le racisme et les discriminations institutionnels, mais s’en prendre à des statues de figures historiques controversées n’aide pas », a-t-elle estimé.
Pim Fortuyn, connu pour sa rhétorique islamophobe et xénophobe, avait été abattu sur un parking en 2002 par un militant de la cause animale. L’affaire avait secoué les Pays-Bas, qui se voyaient en société unie et sûre.
Piet Hein était devenu un héros aux Pays-Bas lorsqu’il avait capturé une flotte espagnole transportant un précieux trésor dans les Caraïbes, pendant la guerre de Quatre-Vingt Ans (1568-1648) contre l’Espagne.
Le centre Witte de With a annoncé qu’il allait changer de nom.
Des symboles du colonialisme et du racisme ont également été dégradés au Royaume-Uni, en Belgique, au Portugal, et aux Etats-Unis d’où est parti le mouvement après la mort de George Floyd, un homme noir étouffé par un policier blanc dans la ville de Minneapolis.