Dans un « plan d’action » dévoilé en février, la Commission européenne a appelé les Etats à établir une feuille de route pour éliminer d’ici 2030 la pêche de fond (chaluts, dragues, senne démersale, casiers…) dans les aires marines protégées pour aider à restaurer les écosystèmes vulnérables des fonds marins.
Ces aires couvrent 12% des eaux européennes (30% visés en 2030).
Le projet a été vivement dénoncé par les ministres de la Pêche réunis lundi à Bruxelles.
« Nous partageons le souci de défendre les intérêts écologiques mais il faut une réglementation équilibrée (…) il faut un avenir à la pêche, base de l’existence des populations côtières et créatrice de valeur ajoutée bien au-delà des pêcheurs », a jugé le ministre allemand Cem Ozdemir.
« Cette interdiction totale va trop loin, elle supprimerait en grande partie la pêche au crabe, tradition importante chez nous et source de revenus importante « , a-t-il plaidé.
« Cette proposition n’est pas proportionnée par rapport à l’objectif visé », repose sur des données scientifiques insuffisantes et « n’a fait l’objet d’aucune étude d’impact approfondie », a abondé le secrétaire d’Etat français Hervé Berville.
« Déconnecté des réalités », ce texte « n’opère aucune distinction dans les engins mobiles de fonds et aurait pour conséquence de condamner la pêche artisanale européenne », au risque de gonfler les importations de pays tiers moins-disants et à rebours de la « souveraineté alimentaire » de l’UE, a-t-il déclaré.
La flotte européenne se réduit rapidement et l’UE importe deux-tiers de sa consommation de poissons, a renchéri son homologue espagnol Luis Planas, appelant à conserver « la compétitivité » de l’UE face à des pays (Norvège, Etats-Unis, etc) pratiquant le chalutage de fond.
Les stocks d’espèces capturées « sont en bonne condition » en termes de durabilité, a souligné la ministre portugaise Maria do Céu Antunes, se disant « préoccupée par le cadre juridique » prévu –un « plan d’action », qui laisse la main à la Commission plutôt qu’un texte législatif que les Etats pourraient négocier.
L’Irlande et le Danemark ont également critiqué la proposition.
Selon l’Alliance européenne pour la pêche de fonds (EBFA), l’interdiction du chalutage de fond dans les aires protégées mettrait « en danger 7.000 navires » correspondant à « 25% des volumes débarqués et à 38% des revenus totaux de la flotte européenne ».