« Le poisson pêché de manière industrielle n’atterrit pas dans les marchés locaux », a regretté François Chartier, chargé de campagne océan pour Greenpeace, dans une interview avec l’AFP, dénonçant une « économie de prédation ».
Les accords de pêche signés entre armateurs et Etats côtiers ne rémunèrent pas « de manière significative » ces derniers, observe-t-il, demandant des rapports plus équilibrés entre « secteur industriel » et « artisans pêcheurs » locaux.
La Côte d’Ivoire importe environ 400.000 tonnes de poisson pour satisfaire ses besoins domestiques, tandis que 270.000 t de thon transitent par ses conserveries, avant d’être exportées, a expliqué à l’AFP le ministre de la Pêche, Kobenan Kouassi Adjoumani.
Le coût de ces importations avait été évalué mi-juin à 169 milliards de francs CFA (258 millions d’euros) par le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan.
Seules 55.000 tonnes de poisson sont pêchées localement, malgré 500 kilomètres de côtes et des eaux poissonneuses, selon M. Adjoumani, qui a attribué cette faiblesse à la « flottille vieillissante » ivoirienne.
Les Ivoiriens ne consomment pas de thon, lui préférant des poissons « moins nobles », a-t-il ajouté.
Pour François Chartier, il existe un « besoin » pour que les acteurs locaux s’impliquent davantage dans la pêche au thon.
L’expert de Greenpeace cite ainsi l’exemple des Maldives, où des centaines de pêcheurs à la canne, professionnels et au fort rendement, ont remplacé les thonniers industriels.
« Cela crée des emplois. Il vaut mieux une telle pêche qui fait vivre cent personnes, qu’une pêche industrielle qui en fait vivre dix par tonne », a-t-il observé.
Greenpeace est présent à Abidjan pour promouvoir une pêche durable dans l’Atlantique, où les stocks de thon albacore ont diminué de 40 à 70%, selon M. Chartier.
La Côte d’Ivoire doit renforcer son économie, fragilisée par une décennie de crise politico-militaire, dont les violences postélectorales de 2010-2011, qui firent plus de 3.000 morts, constitua l’épilogue.
Le pays connaît depuis la fin de la crise mi-2011 une croissance annuelle avoisinant les 9%.
En 2008, la Côte d’Ivoire avait été secouée par des émeutes de la faim, en raison d’une flambée des prix des biens de consommation dont le riz, le lait, la viande et le poisson, alors importés à plus de 50%.