La feuille de route a été adoptée vendredi soir par l’assemblée régionale.
Ce document de 112 pages décline une quarantaine d’actions. Dans l’objectif de décarboner la flotte, la première consiste à engager un travail de lobbying auprès de Bruxelles pour lever l’interdiction de subventionner la construction de nouveaux navires et d’en augmenter la jauge.
Or ces restrictions, imposées par l’Union européenne pour lutter contre la surpêche, « ont permis d’améliorer quelque peu la situation sans toutefois suffire à restaurer la santé des écosystèmes marins », pointe l’association Pleine Mer, qui dénonce dans un communiqué le « cheval de Troie » de la décarbonation pour augmenter les capacités de pêche.
Selon le Conseil Scientifique de l’Union européenne, seuls 32% des stocks évalués de poissons ne sont ni dégradés ni surexploités dans l’Atlantique Nord-Est.
« Nous ne demandons pas à pouvoir pêcher plus », a rétorqué à l’AFP le président (ex-PS) du conseil régional Loïg Chesnais-Girard, alors que la région a lancé un appel à projets pour dix chalutiers hauturiers ou semi-hauturiers.
Ces navires hauturiers, « c’est ce qui nous permet aussi de faire vivre nos criées », a-t-il souligné. « Si nos criées disparaissent, les ligneurs et les caseyeurs n’auront pas accès au marché, tel qu’ils l’ont aujourd’hui », a ajouté l’élu, en assurant que la pêche côtière était « le coeur de métier de la Bretagne ».
La pêche côtière n’était cependant pas mentionnée une seule fois dans la feuille de route, jusqu’au dépôt d’un amendement « de dernière minute », a pointé l’élue écologiste Julie Dupuy, qui a dénoncé « une feuille de route d’un autre temps », « un grand bond en arrière de vingt ans ».
L’association de défense des océans Bloom a quant à elle fustigé « un productivisme débridé digne de l’après-guerre », qui « rate entièrement l’enjeu de la transition sociale et écologique du secteur ». Vendredi soir, 39.000 personnes avaient signé une pétition lancée par Bloom demandant le retrait de cette feuille de route.
Première région de pêche en France, la Bretagne compte 1.200 navires de pêche et 4.300 marins pêcheurs, pour 103.000 tonnes de poissons débarqués par an.