A l’Assemblée nationale, le chef du gouvernement a annoncé aux députés avoir « saisi » la présidence de la Commission européenne sur ce sujet, en demandant à ce qu’elle soit « plus ferme » avec Londres, rappelant qu’il incombe à Bruxelles de « veiller au respect du terme de l’accord » du Brexit.
« Si cela ne suffit pas, alors nous saisirons le panel arbitral de l’accord pour conduire les Britanniques à respecter leur parole (et) nous questionnerons toutes les conditions de mise en oeuvre plus globale des accords conclus sous l’égide de l’Union européenne, mais aussi s’il le faut les coopérations bilatérales que nous avons avec le Royaume-Uni », a encore menacé le chef du gouvernement français, évoquant une situation « intolérable ».
L’accord post-Brexit, conclu in extremis à la fin de l’année dernière entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d’obtenir une licence, accordée s’ils peuvent prouver qu’ils y pêchaient auparavant.
« Il faut garder le sens de la mesure », a répondu mardi le ministre du Brexit, David Frost, en marge d’une conférence du parti conservateur. « Nous avons accordé 98% des licences demandées par des bateaux européens pour pêcher dans nos eaux. (…) Nous n’acceptons pas d’être accusés de ne pas respecter l’accord ».
« Nous avons été extrêmement généreux et les Français se concentrent sur une petite catégorie de bateaux et disent que nous avons été déraisonnables: ça ne reflète pas très bien nos efforts », a poursuivi M. Frost. « S’il y a une réaction de la part de la France, il lui faudra convaincre les autres pays de l’Union, et il faudra que cette réaction soit proportionnée ».
L’île anglo-normande de Jersey a annoncé le 29 septembre l’octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet de 75 dossiers. La veille, Londres avait accordé 12 autorisations supplémentaires dans ses eaux, dans la limite des 6 à 12 milles nautiques de ses côtes (contre 87 demandées).
« Nous prendrons des mesures européennes ou nationales de pression sur le Royaume-Uni », avait martelé dès mardi matin le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, en menaçant notamment les îles anglo-normandes, alimentées en électricité depuis la France par câble sous-marin.
– « Exaspération » –
Mais l’une des pistes pourrait être de jouer sur l’évolution des tarifs, précise-t-on mardi de source ministérielle. Une autre piste pourrait concerner le protocole ferroviaire avec le Royaume-Uni et son éventuel renouvellement, ajoute-t-on.
De son côté, le ministère de la Mer a publié son calendrier de travail sur le dossier, pour montrer sa détermination à se tenir aux côtés des pêcheurs.
Il y a d’abord eu mardi une réunion entre la ministre Annick Girardin et les représentants de la filière pêche. « Nous avons maintenu nos prétentions sur le nombre de licences demandées car elles sont justifiées », a indiqué à l’AFP Jean-Luc Hall, directeur général du Comité national des pêches maritimes.
Il a demandé à rencontrer le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic. « Les professionnels s’impatientent et attendent que la Commission agisse », a ajouté M. Hall.
Mercredi, Annick Girardin aura une réunion avec des parlementaires nationaux et européens, ainsi qu’avec les conseils régionaux, départementaux et les maires concernés. Lundi 11 octobre, elle doit rencontrer à Luxembourg les ministres européens de la pêche, puis le Commissaire européen en charge de la pêche à Bruxelles, et échanger sur les mesures de rétorsion européennes.
L' »annonce des réponses européenne et française » est promise pour « la deuxième quinzaine d’octobre », selon le ministère.
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