L’affaire, qui sera jugée jusqu’au 31 mai, avait débuté en octobre 2012 avec la découverte de 250.000 dollars en billets de 100 dans l’armature de la valise de Marc Cherqui, directeur fiscal de Bourbon par les douaniers de l’aéroport Marseille-Provence.
Après avoir fourni plusieurs explications, le dirigeant de l’entreprise avait finalement expliqué qu’il s’agissait du solde d’une opération de corruption d’agents administratifs du Nigeria, d’où il rentrait de mission.
Au terme de leur enquête, les juges d’instruction qui se sont succédé sur ce dossier avaient conclu à l’existence d’un pacte de corruption entre Bourbon et l’administration fiscale de trois pays africains où le groupe parapétrolier développait ses activités.
Le groupe « n’est pas victime d’actes de pression ou de chantage à la taxe fiscale indue mais animé d’une volonté effective et assumée de soustraction au paiement des impôts légitimement dus », avaient insisté les magistrats instructeurs dans leur ordonnance de renvoi.
Au Nigeria, selon l’accusation, la remise de deux millions de dollars au directeur des services fiscaux et de 700.000 dollars à des contrôleurs aurait fait passer le redressement fiscal de 227 à quatre millions de dollars.
– « Vindicte privée » –
En Guinée Equatoriale, le versement de 400.000 euros à un intermédiaire aurait permis d’obtenir qu’un redressement initial de 8 millions d’euros soit ramené à 44.849 euros, tandis qu’au Cameroun un pot de vin de 150.000 euros au profit de deux inspecteurs fiscaux locaux aurait fait disparaitre une dette fiscale de 11 millions d’euros.
Parmi les huit prévenus, les auteurs principaux de ce pacte de corruption seraient trois des principaux dirigeants de Bourbon, tous membres du comité exécutif: Gaël Bodénès –toujours à la tête du groupe–, Christian Lefevre, à l’époque directeur général, et Laurent Renard, directeur général adjoint.
Figurant initialement parmi les prévenus, la société Bourbon Corporation a été liquidée et ses actifs repris, en janvier 2020, par un pool de banques.
L’entreprise Bourbon avait en tous cas toujours réfuté tout acte de corruption, « interdit par sa charte », assurant que les chiffres affichés par les magistrats ne ressortent d’aucun document officiel et que la démonstration n’aurait été faite ni de l’origine ni de la destination des 250.000 euros saisis par les douanes.
« Nous ne participons pas à ce genre d’actes » de corruption, a toujours opposé Gaël Bodénès.
L’ancien directeur fiscal, licencié dans le sillage de cette affaire, a lui toujours maintenu avoir agi à la demande de son supérieur hiérarchique et en lien avec le comité exécutif de Bourbon. « Il y a des tonnes de mails et de SMS qui viennent tout prouver », a insisté Marc Cherqui durant l’instruction, évoquant « la grande lâcheté » des dirigeants de Bourbon.
Ce « seul contre tous » a été qualifié par le juge d’instruction de « vindicte privée » à l’encontre de M. Cherqui.
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