QUESTION: Pourquoi ce sommet de Lomé sur la sécurité et la sûreté maritimes ?
C’est un enjeu très important pour l’Afrique. Au moins 92% des marchandises arrivent sur le continent africain par les mers et une façade maritime.
Lors de ce sommet plusieurs questions seront traitées et d’abord celle de la piraterie. Il y a quelques années, c’était surtout le golfe d’Aden, vers la Somalie, qui était victime des pirates. Aujourd’hui c’est le golfe de Guinée. De 2005 à nos jours, nous avons subi plus de 205 attaques. Les pirates s’attaquent en priorité aux tankers pétroliers mais aussi aux bateaux de marchandises.
Mais le sommet de Lomé ne parlera pas seulement de sécurité maritime. Nous aborderons aussi la question de la pêche illégale, de la pollution (…) la question des trafics en tous genres, trafic de drogue, trafic d’êtres humains.
La plupart des pays africains qui ont une façade maritime sont victimes d’un de ces problèmes, d’où l’importance pour les dirigeants africains de s’asseoir et de discuter pour essayer de trouver des solutions.
Q: Vous avez aussi prévu un volet sur le développement et l’économie bleue. Que recouvre ce terme ?
R: L’économie bleue c’est tout ce qui est lié à la mer, les ressources halieutiques, les ressources (minières et d’hydrocarbures) maritimes, la biodiversité qu’il faut préserver, l’activité des ports. Nous avons sur le continent africain des jeunes pêcheurs qui, il y a quelques années allaient pêcher en haute mer et maintenant ne peuvent plus s’y rendre pour plusieurs raisons: la piraterie, le manque de ressources lié à la pêche illégale…
Il est important pour nous que l’économie bleue continue à soutenir le niveau de vie des populations africaines.
Le port de Lomé est le seul port en eaux profondes du golfe de Guinée et son activité est cruciale pour l’économie togolaise. C’est une ville dans la ville.
Q: Le précédent sommet, à Yaoundé en 2013, a-t-il permis des avancées ? Qu’attendez-vous de celui de Lomé ?
R: Le sommet de Yaoundé était un sommet régional sur une seule thématique, la piraterie. Il a posé les premiers jalons, qui ont permis une coordination – même si elle n’est pas parfaite – et un partage d’informations entre les pays du Golfe de Guinée.
Le sommet de Lomé est un sommet de l’Union africaine, c’est tout le continent qui se réunit. Le but c’est l’adoption d’une charte de l’Union africaine sur la sureté, la sécurité maritime et le développement.
C’est un texte contraignant. La charte oblige les Etats à travailler de manière collégiale, régionale, pour assurer la sûreté et la sécurité maritime. Et elle prévoit un accompagnement financier ce qu’il n’y avait pas dans le code de conduite de Yaoundé. Les pays signataires vont contribuer eux-mêmes à assurer leur propre sécurité maritime. Il faut doter les pays de moyens sophistiqués, sur un plan régional.
Il y a forcément – parce que c’est un texte contraignant – des réticences de certains pays, mais on essaye d’avoir le consensus et j’espère que cette charte sera adoptée le soir du 15 octobre.