« Ce qui se passe actuellement à Norilsk Nickel (Nornickel) nous invite à remettre sérieusement en question les compétences de la direction de l’entreprise, ainsi que son aptitude à en assurer la gestion », a indiqué Rusal qui détient 28% du groupe minier.
Il a dit présenter au conseil d’administration de Nornickel une résolution afin d’obtenir que son patron Vladimir Potanine, l’un des hommes les plus riches de Russie, « change l’équipe de direction » et « révise les règles du groupe concernant les questions environnementales et de sécurité ».
Le géant russe de l’aluminium, qui est contrôlé par le milliardaire Oleg Deripaska, a également regretté l' »inertie collective » du conseil d’administration de l’entreprise.
Par ailleurs, Rusal a souhaité que le siège de Norilsk Nickel, premier producteur de palladium et de nickel au monde, soit relocalisé de Moscou à Norilsk, près du lieu de la pollution.
Fin mai, 21.000 tonnes de carburant se sont déversées dans plusieurs cours d’eau après l’affaissement d’un réservoir d’une centrale thermique appartenant à une société de Nornickel. Un accident qui pourrait être lié à la fonte du permafrost à cause du changement climatique, même si les causes précises de l’incident n’ont pas encore été déterminées.
La pollution a suscité une immense marée rouge, visible depuis l’espace, près de la ville arctique de Norilsk. Elle a nécessité la mise en place de barrages flottants et d’opérations de pompage pour éviter que le carburant n’atteigne des espaces naturels protégés. D’autres incidents ont eu lieu depuis.
Nornickel a notamment annoncé dimanche la fuite de 45 tonnes de carburant d’un oléoduc d’une filiale du groupe près de Norilsk, affirmant qu’elle n’avait duré que 15 minutes sans mettre en danger la sécurité des habitants.
Pour éviter de nouveaux incidents, le président Vladimir Poutine a signé cette semaine une loi obligeant les entreprises à avoir des réserves financières et un plan d’action pour faire face à ces pollutions.
Une réunion a par ailleurs eu lieu mardi entre des représentants de Norilsk Nickel et de plusieurs ONG environnementales.
Le directeur de Greenpeace Russie, Ivan Blokov, a regretté l’absence d’informations « complètes et compréhensives » et appelé à une expertise indépendante des conséquences de la grave fuite d’hydrocarbures près de Norilsk.
Il a affirmé que des « collègues » n’avaient pas eu le droit d’emporter avec eux des échantillons d’eau prélevés sur place pour mesurer la présence d’hydrocarbures.
Un représentant de Nornickel, Andreï Gratchiov, a soutenu que l’entreprise avait prévenu les autorités russes dès le début de la pollution, mais pas le grand public, ce qui était « une erreur ».
L’agence russe de surveillance de l’environnement a réclamé un dédommagement record de 147,8 milliards de roubles (1,8 milliard d’euros au taux actuel) à Nornickel, une somme contestée par le groupe.
Depuis la catastrophe, la fortune de Vladimir Potatine a chuté de 3,6 milliards de dollars, passant de 26,7 milliards à 23,1 milliards de dollars, selon le magazine Forbes.
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