Pollution marine: les plastiques, « premiers prédateurs » des océans

Avec l’aide de centaines de bénévoles, l’ONG a mené en 2015 ce premier recensement des déchets qui polluent plages, littoraux, océans et fonds marins, dans le cadre d’une initiative visant à collecter et à analyser des données à l’échelle européenne.

« L’évaluation globale de la pollution de la surface de l’ensemble des mers par les plastiques flottants se chiffrerait à 269.000 tonnes », rappelle le rapport. Or « les déchets aquatiques en général et les plastiques en particulier causent de nombreux dommages à l’environnement marin ».

« Ils ont des impacts sur la faune, les espèces marines » dont 690 seraient impactées, a souligné Cristina Barreau, le principal auteur du rapport, lors d’une conférence de presse.

Ils ont aussi un impact « sur les activités socio-économiques », a-t-elle ajouté, citant la pêche et le tourisme.

« L’augmentation exponentielle » des déchets est liée à nos habitudes de consommation, a souligné la responsable de l’ONG, rappelant que la production mondiale de plastique « va bientôt atteindre les 300 millions de tonnes par an ».

Sur trois des cinq « sites pilotes » analysés, le plastique, fragmenté ou non, constitue « plus de 80% » des déchets, selon Surfrider Foundation Europe.

Au total l’association « a récupéré 30.000 à 40.000 déchets » en quatre campagnes de prélèvements, a précisé Cristina Barreau.

Sur la plage de Burumendi, à Mutriku (Espagne), 96,6% des 5.866 déchets collectés sont du plastique et du polystyrène.

A Anglet (Pyrénées-atlantiques), sur celle de La Barre, ces matériaux représentent 94,5% des 10.884 déchets collectés.

Le plastique et le polystyrène sont aussi massivement présents (83,3%) sur la plage de Porsmilin, à Locmaria-Plouzané (Finistère), où l’association a collecté 2.945 déchets.

Sur celle de Murguita à San Sebastian (Espagne), en revanche, le plastique et le polystyrène ne représentent que 61% des déchets (18% de verre).

Sur la plage d’Inpernupe, à Zumaia (Espagne), près de la moitié des déchets sont du verre (47,9%), contre 29,1% pour le plastique/polystyrène.

Outre des morceaux de plastique, les bénévoles ont ramassé sur ces différents sites des cordages et filets, des mégots, des emballages alimentaires, des couvercles et bouchons, des bouteilles en verre et en plastique, des emballages de confiserie ou de chips, des sacs en plastique, des « déchets sanitaires » (couches, suppositoires…), des cotons-tiges…

Ces données sont « de premières indications qui nous donnent un aperçu des statistiques européennes », estime le président de Surfrider Foundation Europe, Gilles Asenjo, dans un communiqué.

« De la Bretagne au Pays Basque, les déchets plastiques humains sont clairement les premiers prédateurs de l’océan », ajoute-t-il. Car à la différence du bois ou du carton, « les matières plastiques mettent plusieurs centaines d’années avant de disparaître ».

« Et quand elles ne sont pas sous nos pieds à la plage, elles sont ingurgitées par les animaux marins qui s’en étouffent, sans parler des substances toxiques qu’elles déversent et dans lesquelles nous nous baignons ou de leur possible intégration au sein de la chaîne alimentaire », ajoute-t-il.

Selon Surfrider, des bénévoles bulgares veulent mener une opération similaire en mer Noire et des discussions sont en cours avec d’autres au Portugal, en Espagne (façade méditerranéenne), en Italie (mer Adriatique) et en Allemagne (mer du Nord).

La prolifération des déchets en plastique dans les océans est à l’origine d’immenses plaques formant un « 7e continent ».

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