Avec un financement public des autorités françaises à hauteur de 1,3 million d’euros, l’entreprise Recygroup débute ses opérations au port, qui porte encore les stigmates de l’explosion meurtrière et dévastatrice de l’an dernier.
Le drame a fait plus de 200 morts. Les silos à grains, imposante structure de 48 mètres de haut d’une capacité de stockage de plus de 100.000 tonnes, ont été percutés de plein fouet par le souffle de la déflagration et se sont partiellement écroulés.
« La quantité des grains que nous imaginons trouver sera entre 20.000 et 30.000 tonnes. Nous pensons pouvoir les traiter entre trois et quatre mois », a expliqué à l’AFP Christophe Deboffe, cofondateur de Recygroup.
La moitié des grains « qui est mélangée avec du béton des aciers » sera soumise à des opérations de tri, grâce à un tamis industriel installé près des silos. « On a imaginé le processus de séparation (…) de telle manière à leur trouver une seconde vie », a-t-ajouté.
Dans une odeur nauséabonde, au pied des silos à moitié éventrés s’amoncellent encore des monticules de céréales, de gravats et de ferrailles. Près du quai numéro neuf, les épaves de deux navires, coulés par l’explosion, sont encore visibles.
Au Liban en plein effondrement, les autorités à court de devises étrangères et accusées de corruption et d’incompétence n’ont pas encore lancé les grands chantiers de la reconstruction du port.
Les grains seront transformés « en compost qui pourront resservir dans l’agriculture, soit ce qu’on appelle nous des technosols, c’est des sols sur lesquels on peut marcher dans les parcs et les jardins, ou des matériaux de couverture », précise M. Deboffe.
Recygroup oeuvre en partenariat avec la compagnie libanaise Mondis. Après la phase des premiers essais, son directeur Marwan Rizkallah explique que les travaux vont commencer sous une semaine.
Le Liban marque dans quelques semaines le premier anniversaire de l’explosion du 4 août, déclenchée par un incendie dans un entrepôt qui abritait des tonnes de nitrate d’ammonium, stockées des années durant « sans mesures de précaution » de l’aveu même des autorités.
Très impliquée au Liban depuis le drame, la France a fourni entre 2020 et 2021 plus de 140 millions d’euros d’aides, dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la reconstruction notamment.
Le pays connaît une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la Banque mondiale, avec une dépréciation inédite de sa monnaie et une paupérisation de la population.