Pour la première fois depuis la crise du coronavirus, démarrée en mars, le négociateur de l’UE, Michel Barnier, et son homologue britannique David Frost, se sont rencontrés physiquement, à Bruxelles.
Les négociations doivent se poursuivre toute la semaine par de courtes séances, entre équipes réduites, sur les sujets jugés les plus problématiques. Puis les négociateurs se retrouveront chaque semaine, alternativement à Londres et dans la capitale belge, jusqu’à fin juillet.
« Nous tirerons le meilleur parti de nos discussions intensifiées au cours des semaines et des mois à venir », a promis dans un tweet Michel Barnier, assurant que l’UE resterait « calme et unie dans ses principes et ses valeurs ».
L’accélération des discussions doit permettre de leur donner « un nouvel élan », après quatre cycles de négociations troublés par le coronavirus et sans avancées majeures.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson souhaite être fixé dès juillet sur la possibilité d’un compromis. « Ces discussions ne peuvent pas durer éternellement. Nous devons faire en sorte que les entreprises puissent se préparer correctement à ce qui se passera à la fin de l’année », a insisté lundi son porte-parole.
Cette perspective ambitieuse a cependant été poliment repoussée par les Européens, pour l’instant concentrés sur leur plan de relance post-coronavirus, et qui considèrent le mois d’octobre comme le véritable « moment de vérité » du Brexit.
« C’est à ce moment-là que nous devrons être prêts à présenter un projet d’accord (…) si nous voulons qu’il soit ratifié avant la fin de l’année », a expliqué Michel Barnier la semaine passée.
Le Royaume-Uni, qui a quitté l’UE le 31 janvier, continue d’appliquer les règles européennes jusqu’au 31 décembre.
– « Arbitrages » –
Si aucun accord n’est négocié d’ici là, les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec leurs droits de douane élevés et leurs contrôles douaniers poussés, s’appliqueraient aux relations commerciales entre ces partenaires. De quoi affaiblir des économies déjà frappées de plein fouet par la pandémie.
M. Barnier, qui attend « un signal » des Britanniques cette semaine, a promis d’être « constructif » et même de « faire preuve de créativité pour trouver un terrain d’entente ».
« Nous nous rendrons à Bruxelles en toute bonne foi afin de prendre en compte les préoccupations de l’UE », lui a répondu sur Twitter son homologue britannique, David Frost.
« Il doit s’agir d’une véritable négociation et certaines des positions irréalistes de l’UE devront changer », a ajouté M. Frost, promu dimanche conseiller à la sécurité nationale de Boris Johnson, mais qui gardera son rôle de négociateur sur le Brexit.
La Commission européenne s’est refusée lundi à commenter cette nomination.
Les négociations concernent cette semaine « quelques dizaines de personnes, à un niveau plus politique que précédemment, pour rendre des arbitrages et définir ainsi des zones d’atterrissage », a détaillé une source proche des discussions.
Parmi les points de désaccord majeurs figure la question des garanties de concurrence équitable exigées par l’UE en matière fiscale, sociale ou environnementale, pour éviter de voir surgir une économie dérégulée à sa porte.
De même, les négociateurs discuteront cette semaine de la place de la Cour de justice de l’UE dans le futur texte, de l’accès aux eaux britanniques pour les pêcheurs européens, ainsi que de la forme de l’accord: soit d’une très large ampleur, couvrant tous les domaines de la relation, comme le souhaitent les Européens, soit un simple accord commercial assorti de petits accords sectoriels comme le réclament les Britanniques.
Lors d’une vidéoconférence lundi, les ministres de la Pêche de l’UE ont déploré les fortes incertitudes dues au Brexit. « L’objectif est de parvenir à un accord qui permettrait l’accès aux eaux britanniques à partir de 2021 », a cependant espéré le commissaire européen à la Pêche Virginijus Sinkevicius.