Une flottille de petits bateaux, paraissant minuscules à côté du géant, ont accompagné le paquebot flambant neuf dans sa lente descente de l’estuaire de la Loire, face au soleil couchant.
Profitant de l’absence de vent et d’une mer très calme, le commandant de bord est parvenu à achever en moins d’une demi-heure la délicate manoeuvre consistant à faire entièrement pivoter le navire pour le mettre dans l’axe de sa sortie du port.
Quatre remorqueurs, qui étaient attachés au paquebot, prêts à intervenir, n’ont pas eu à entrer en action et l’Harmony of the seas s’est déplacé à la force de ses seuls moteurs, sous le regard de milliers de badauds.
En construction aux chantiers navals STX France, le géant des mers effectue sa première campagne d’essais en mer jusqu’à dimanche.
Ce gros bébé de 120.000 tonnes, 16 ponts, 362 mètres de long et 66 mètres de large pour 227.500 tonneaux de jauge brute sera officiellement remis le 12 mai à son propriétaire, l’armateur américain Royal Carribean.
Il est conçu pour transporter plus de 6.000 passagers et plus de 2.000 membres d’équipage.
« Ça fait plaisir de voir que ça sort de chez nous. C’est quand même joli, plus de 8.000 personnes embarquées… C’est assez impressionnant », commentait Sébastien, un badaud venu admirer le géant avant son départ.
Depuis quelques mois déjà, l’Harmony of the seas est l’attraction de Saint-Nazaire. Il est d’ailleurs impossible de manquer ce géant de 70 mètres de hauteur… plus haut que tous les immeubles de la ville.
« On espère que bientôt on sera dedans. Ils ont fait quelque chose de merveilleux avec tous les balcons, le rêve fait réalité presque », observe, émerveillé, Lucien qui, avec son épouse, est en vacances aux Sables d’Olonne (Vendée), mais a fait ce détour de plusieurs dizaines de kilomètres pour admirer le géant.
– Six remorqueurs, trois pilotes –
Ils sont 500 à bord pour cette première virée au large, essentiellement des membres d’équipage de conduite, des équipes d’essais de STX France et de ses fournisseurs ou encore de l’équipe de supervision du client.
Trois pilotes de la Loire, qui se sont entraînés depuis un an sur un simulateur à Nantes afin d’envisager tous les scénarios possibles, ont aidé à la manoeuvre dans l’estuaire.
Ils étaient à la passerelle pour aider le commandant à diriger ce navire, dont la largeur à ce niveau avoisine 62,50 mètres, une largeur supérieure à la ligne de flottaison, créant un angle mort de cinq mètres. Les pilotes de Loire devaient quitter le navire quand il se trouvera à 20 km au large.
Les trois jours d’essais sont destinés « principalement aux réglages de l’usine de production électrique et de la propulsion ainsi qu’aux essais de manoeuvrabilité du navire », selon STX France.
L’une des particularités du bâtiment est sa surface de prise au vent, équivalente à celle de deux terrains de football, et qui rend délicates les manoeuvres par vent fort.
Il naviguera entre Belle-Ile et l’île d’Yeu et sera de retour à Saint-Nazaire en principe dimanche matin, a précisé STX France. Une deuxième campagne d’essais en mer devrait intervenir avant fin avril.
Il a été commandé fin 2012 pour la somme d’un milliard d’euros.
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