Dans le verdict rendu par le tribunal supérieur de Galice, seul le commandant a été condamné à neuf mois de prison pour avoir tardé à accepter le remorquage du navire en perdition vers le large. Il a été en revanche acquitté des délits d’atteinte à l’environnement, comme le chef mécanicien et directeur de la Marine marchande espagnole qui avait choisi d’éloigner le bateau des côtes.
« C’est une décision très décevante », a réagi auprès de l’AFP Me Renaud Lahitete, conseil du Syndicat mixte de protection du littoral landais, regroupant dix-sept communes des Landes ainsi que le Conseil général, qui s’étaient portés parties civiles dans ce dossier. Selon lui, les débats avaient pourtant montré « la responsabilité des autorités espagnoles qui avaient pris une décision ne pouvant conduire qu’au naufrage ».
Concernant un éventuel appel, M. Lahitete a indiqué attendre de connaître les détails de la décision. Il a toutefois rappelé qu’il avait, « par précaution » déposé en parallèle un recours administratif. « On avait imaginé que ça serait difficile au plan pénal, d’où notre recours administratif », a-t-il ajouté.
Conseil de deux communes des Pyrénées-Atlantiques, Bidart et Saint-Jean-de-Luz, également parties civiles dans cette affaire, Me Pierre Santi a fustigé « un jour funeste pour l’environnement », dénonçant « un type de décisions qui encourage l’utilisation de navires poubelles ». Il a souligné qu’aucune indemnisation ne serait versée aux collectivités plaignantes à la suite de la décision de la justice espagnole, « aucune condamnation à une indemnisation n’ayant été prononcée ».
Me Santi n’avait eu de cesse depuis 2006 de dénoncer la décision de dessaisir la justice française du dossier au profit de la justice espagnole, se conformant ainsi à une décision d’Eurojust (Unité de coopération judiciaire). « Depuis sept ans, je dis que c’est un scandale d’Etats +avec un s+, que cela soit la France ou l’Espagne, et je pointe en particulier la responsabilité de l’Etat français » qui « s’est désintéressé du sort des parties civiles françaises », a-t-il accusé.
« En guise de commémoration, on offre aux 2.000 personnes s’étant constituées parties civiles un acquittement quasi-général : c’est un scandale ! », ont réagi dans un communiqué plusieurs élus et représentants écologistes locaux, dont la député européenne Catherine Grèze et le président du groupe écologiste au Conseil régional d’Aquitaine, Bernard Péré.