Prise d’otages de la Tanit: Hervé Morin reconnaît « un échec »

L’objectif était de « tout faire pour que la sécurité des otages soit préservée », et « de ce point de vue-là c’est un échec », a déclaré M. Morin lors du procès devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine des pirates somaliens présumés.

La Tanit, avec à bord cinq personnes dont un enfant de trois ans et demi, a été abordée par cinq pirates le 4 avril 2009. Une opération des commandos français pour les libérer a eu lieu le 10 avril, alors que le voilier détourné approchait de la côte somalienne, se soldant par la mort du skipper Florent Lemaçon et de deux pirates.

L’ex-ministre a précisé qu’auparavant des négociations avaient été menées en vain. Une rançon avait été proposée aux ravisseurs, mais aussi un échange entre Chloé Lemaçon, la femme du skipper, et son fils Colin, contre un militaire. Chloé Lemaçon a expliqué mardi à la barre qu’elle avait refusé de quitter le voilier.

L’objectif des militaires a alors été d’empêcher le voilier d’atteindre la côte. La décision a été prise par le président de la République, Nicolas Sarkozy, après accord du conseil restreint composé notamment des ministres concernés, de lancer l’opération commando, a expliqué M. Morin.

Après l’opération commando « on m’a appelé pour me faire part de l’échec » en raison de la mort d’un des otages, a relaté M. Morin. Et il précise que dès ce jour-là, au regard des éléments qu’il avait en sa possession concernant le décès de Florent Lemaçon, « je me suis dit que la probabilité que le tir soit français existait ».

Méprise d’un militaire français

Une enquête judiciaire a ensuite permis d’établir que le skipper était bien décédé d’un tir français. « Une instruction judiciaire était en cours, nous avons attendu les conclusions de l’instruction pour reconnaître le tir », a expliqué à la presse M. Morin à l’issue de son témoignage.

« Il y a eu une méprise d’un militaire français », a reconnu le ministre.

Dans la matinée le président de la cour d’assises a rappelé que dans les documents secret défense déclassifiés dans le cadre de l’instruction un des commandos faisait état d’un « tir sur un individu surgissant debout en mouvement, sombre, menaçant » du côté de la cabine arrière du voilier où se trouvait la famille Lemaçon.

Selon un expert balistique entendu mercredi après-midi, Florent Lemaçon avait une main devant le visage au moment du tir, le projectile ayant touché la main avant de traverser le crâne.

Ce commando « dès le départ a dit qu’il était possible que ce soit lui qui ait tiré », a expliqué mercredi matin devant la cour le vice-amiral Marin Gillier, commandant des forces spéciales de la Marine à l’époque de le prise d’otage de la Tanit.

Le vice-amiral, qui va soutenir à titre personnel psychologiquement la famille Lemaçon après le décès du skipper, va même organiser à son domicile en juin 2009 une rencontre entre Chloé Lemaçon et le commando, qui durera environ une heure.

Les trois pirates somaliens rescapés de l’opération commando, âgés aujourd’hui de 26 à 31 ans, comparaissent jusqu’à vendredi pour « détournement de navire par violence ou menace, arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire de plusieurs personnes commis en bande organisée ». Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

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