Profit record pour l’armateur CMA-CGM en 2022, plus élevé que les groupes du CAC 40

Paris, 3 mars 2023 (AFP) – L’armateur français CMA-CGM a enregistré en 2022 un bénéfice net record de plus de 23 milliards d’euros, surpassant les groupes du CAC 40, mais a aussitôt averti que cet argent a été réinvesti et que la surchauffe du transport maritime est désormais terminée, pour éviter un nouveau débat sur les profits.

C’est le plus haut bénéfice publié par une entreprise française en 2022, devant ceux de TotalEnergies, Stellantis et LVMH, et l’un des plus importants jamais enregistrés dans l’histoire des entreprises françaises.

En 2021, le groupe Vivendi avait publié 24,69 milliards d’euros de bénéfice net, un chiffre toutefois dopé par la plus-value exceptionnelle de la cession d’Universal Music.

Le troisième armateur mondial a été porté par les prix historiquement hauts du fret maritime depuis le début de la pandémie. CMA-CGM n’a toutefois pas toujours connu cette ivresse: avant de voir son bénéfice exploser en 2021 à 17,9 milliards de dollars, le groupe avait perdu 229 millions de dollars en 2019, après avoir évité la faillite en 2009.

En 2022, le chiffre d’affaires de CMA-CGM a augmenté de 33,1% sur un an, à 74,5 milliards de dollars (environ 70,1 milliards d’euros).

– 44,7% de marge –

Le groupe de Rodolphe Saadé a atteint en 2022 un niveau stratosphérique de marge opérationnelle, à 44,7% (+3,4 points sur un an).

Tout en présentant ces résultats historiques, la direction du groupe a tenu à souligner qu’ils restent « exceptionnels » et ne perdureront pas, dans une volonté manifeste d’éviter une relance du débat sur les « surprofits » qui avait marqué l’été 2022 en France.

CMA-CGM, comme ses concurrents dans l’Union européenne, est soumis à la « taxe au tonnage », qui porte sur les capacités de sa flotte et non sur ses bénéfices, et à l’impôt sur les sociétés pour le portuaire et la logistique. Son taux effectif d’imposition était de 2% en 2021, selon une mission de l’Assemblée nationale sur les profits exceptionnels.

Vendredi, CMA-CGM a assuré qu’il réinvestissait « près de 90% des bénéfices » réalisés en 2022, dont deux milliards d’euros en France.

L’armateur a ainsi multiplié les investissements dans des bateaux et terminaux portuaires (à New York et en Inde notamment), et négocie le rachat de la compagnie La Méridionale, qui relie Marseille à la Corse et au Maroc.

Il se prépare aussi à de nouveaux soubresauts dans le fret maritime en se diversifiant: il a investi dans la logistique terrestre, aérienne, spatiale et dans les médias.

L’armateur est entré en 2022 au capital d’Air France-KLM et d’Eutelsat et a acquis le transporteur de véhicules Gefco ainsi que des sociétés dans la logistique de l’e-commerce.

Il a racheté le pilier de la presse locale La Provence, pris une part minoritaire du groupe M6 et deviendra cet été le sponsor principal de l’Olympique de Marseille.

Le groupe va par ailleurs investir 1,5 milliard d’euros sur 5 ans pour créer un fonds chargé d’accélérer la transition énergétique dans l’ensemble des activités de transport.

726 millions d’euros ont aussi été redistribués en 2022 aux 155.000 collaborateurs du groupe.

– La fête est finie ? –

Mais l’armateur prévient que la fête pourrait vite se terminer. Au dernier trimestre 2022, le chiffre d’affaires a baissé de 3,6% et le bénéfice a été divisé par deux, touchés notamment par un ralentissement du fret maritime et une baisse des prix.

Les volumes transportés par le groupe sur l’axe Est-Ouest étaient en baisse de 7,2% au dernier trimestre. Et les taux du fret maritime ont été divisés par cinq depuis les sommets de fin 2021 et début 2022, selon l’indice du cabinet britannique Drewry.

L’année 2023 pourrait ainsi sonner l’heure du retour à la normale, avec une offre comme une demande incertaines. Le groupe, non coté, ne fait pas de prévisions chiffrées.

Du côté de la demande, le groupe s’attend à ce que l’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, tandis que le fret devrait être marqué par « des capacités accrues, tant côté maritime (résorption des congestions, livraisons de nouveaux navires) qu’aérien (retour de la capacité des soutes des avions passagers) ».

Rolf Habben Jansen, patron de l’armateur concurrent Hapag-Lloyd, avait également souligné jeudi que « l’économie a ralenti » et qu' »une baisse significative des bénéfices reste inévitable ».

tsz/dep/ak

TOTALENERGIES

M6 – METROPOLE TELEVISION SA

UNIVERSAL MUSIC GROUP

VIVENDI

EUTELSAT COMMUNICATIONS

STEF

TUI AG

AIR FRANCE-KLM

LVMH – MOET HENNESSY LOUIS VUITTON

STELLANTIS

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