L’incident s’est produit à l’aube alors qu’au moins trois embarcations de Greenpeace tentaient de s’approcher du Rowan Renaissance « pour protester pacifiquement » contre des prospections pétrolières prévues, selon l’ONG, « avec l’intention de l’aborder », selon le Ministère de la Défense.
Un navire de la Marine se trouvant sur place notamment pour faire respecter une zone d’exclusion maritime autour du navire de la compagnie pétrolière, a alors dépéché deux zodiacs « pour s’interposer », selon le ministère.
« Dans les manoeuvres qui ont suivi une militante de l’organisation écologiste est tombée à l’eau et elle a été sérieusement blessée en heurtant les hélices d’une des embarcations de Greenpeace », poursuit-on de même source.
« C’est l’armée qui, à la première heure de la matinée, a secouru une activiste italienne de Greenpeace quand elle est tombée de son zodiac et qu’elle a été blessée par l’hélice d’un autre zodiac de Greenpeace », a souligné par la suite le ministre de l’Energie José Manuel Soria.
« L’armée espagnole dispose d’une base navale aux Canaries, à Las palmas de Grand Canarie, et doit, entre autres missions, préserver la liberté de navigation et d’activité de tous les bateaux qui bénéficient d’une autorisation pour cela », a-t-il déclaré à la presse.
– « charges » –
Greenpeace dénonce elle les « charges » de bateaux de l’armée contre ses zodiacs.
Sur des images vidéo diffusées par l’ONG, on aperçoit, à au moins trois reprises, des embarcations de la Marine espagnole qui viennent heurter les bateaux pneumatiques de Greenpeace, effectivement très proches du navire de Repsol.
La militante italienne, blessée au tibia et âgée de 23 ans selon Greenpeace, a été évacuée par la Marine en hélicoptère. Victime de plusieurs coupures et d’une fracture, elle a ensuite été admise à l’hôpital de Las Palmas (Canaries), où elle doit être opérée selon un porte-parole de l’ONG. Un autre militant a été légèrement blessé et des embarcations endommagées, selon l’ONG.
La Coalition Canarie, dont est issu le président de la région Paulino Rivero, a indiqué dans un communiqué qu’elle allait demander au ministre de la Défense Pedro Morenes de venir s’expliquer devant les députés, « pour qu’il justifie l’intervention démesurée de l’armée espagnole ».
Selon un dirigeant local, Mario Cabrera, le chef du gouvernement espagnol Mariano « Rajoy a dépassé les limites du raisonnable en envoyant une frégate militaire ». « Les canons contre le dialogue semblent être le slogan de Madrid concernant Repsol », a-t-il dénoncé.
Elus locaux et associations écologistes s’élèvent contre le projet du groupe pétrolier espagnol Repsol de chercher du pétrole au large de l’archipel, vivant essentiellement du tourisme, et qui a reçu le feu vert des autorités cet été.
Quatre plaintes ont été déposées à Bruxelles par le Fonds mondial pour la nature (WWF), Greenpeace et les conseils municipaux des îles de Lanzarote et de Fuerteventura, concernés au premier chef par les projets de Repsol, pour tenter d’empêcher ces prospections pétrolières qui doivent débuter dans les tous prochains jours.
Le navire se trouve déjà selon Greenpeace à l’endroit exact où les prospections doivent démarrer. L’ONG a également envoyé sur place l’Arctic Sunrise, le bateau qui avait été arraisonné et saisi pendant des mois par les autorités russes – entre septembre 2013 et juin 2014 – après une action des militants sur une plateforme du géant gazier Gazprom dans l’Arctique russe.