Protéger fortement des eaux françaises, un coût « pas insurmontable » pour la pêche

Brest, 9 avr 2025 (AFP) – Protéger strictement 10% des eaux françaises ne représenterait pas un « coût insurmontable » pour les activités de pêche, estiment Greenpeace et des chercheurs du CNRS, dans un rapport publié mercredi.

Actuellement, 33% des espaces maritimes français sont déclarés en aires marines protégées (AMP), mais seulement 4% bénéficient d’une protection « réelle » ou « stricte », rappelle le rapport.

En France métropolitaine, seul 0,03% du domaine maritime atteint ce niveau de protection, interdisant les activités extractives (pêche, mines, forages) ou autorisant seulement des activités minimes (pêche locale et durable), selon Charles Loiseau, ingénieur de recherche au CNRS.

M. Loiseau et le directeur de recherche au CNRS Joachim Claudet ont croisé des données sur la répartition des habitats marins et des espèces marines, et sur la répartition des zones les plus fréquentées par les pêcheurs pour essayer d’atteindre 10% de zones strictement protégées, tout en minimisant le coût pour la pêche.

Selon les deux scénarios étudiés (plus ou moins protecteurs pour les écosystèmes marins), la protection stricte impacte 10% à 13% de l’effort de pêche et peut même être presque nul sur certaines façades maritimes.

« En Méditerranée par exemple, pour le premier scénario qui est moins coûteux pour la pêche, on est à moins de 1% de l’effort de pêche qui sera impacté. C’est quasiment gratuit », souligne M. Loiseau auprès de l’AFP.

Ces 10% d’aires marines en protection stricte ne représentent donc pas « un coût insurmontable pour les activités de pêche », en conclut le chercheur.

Le rapport identifie des zones précises à protéger au sein des AMP existantes mais « l’idée, ce n’est pas de dire: on a la solution et voilà où il faut mettre nos futures zones de protection forte ou stricte », nuance M. Loiseau.

Avec ces propositions, Greenpeace et les chercheurs disent vouloir montrer « qu’établir à court terme une couverture de 10% d’AMP en protection stricte peut contribuer à participer à une transformation structurelle des pêcheries, sans mettre à mal le secteur et sans le déstabiliser », expliquent-ils dans le rapport.

Car, selon eux, « les rares exemples d’AMP avec un coeur de parc bénéficiant d’une protection stricte, voire intégrale, montrent que la protection de haut niveau fonctionne ».

Une protection stricte des AMP est censée générer un « effet de débordement », c’est-à-dire « l’augmentation de la quantité de biodiversité présente autour de la zone protégée de manière stricte et donc l’augmentation des captures de pêche », selon les auteurs qui affirment que « cet effet a été documenté et démontré par de nombreuses publications ».

aag/all/as

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