« Je ne connais pas encore la nature des armes, mais retenez que ce sont des armes de guerre en provenance de Bulgarie, achetées du temps du régime de ATT. (Elles sont) arrivées à Conakry le 27 juillet 2012 à bord d’un bateau battant pavillon turc », a déclaré le ministre délégué en charge de la Défense, Abdoul Kabélé Camara, dans un entretien avec l’AFP.
« Dès que nous avons été informés de l’arrivé de ce bateau, le président guinéen (Alpha Condé) a pris contact avec ses pairs de la Cédéao, et c’est à partir de ce moment que la décision d’accueillir le navire a été prise. Il y avait vraiment beaucoup de containers dans le bateau et les frais de transport et autres sont supportés par la Cédéao », a-t-il expliqué, sans fournir de montant.
« Nous les avons gardées ici (les armes, NDLR) parce que, entre-temps, le régime avait changé de mains et on ne savait plus » qui allaient les recevoir si elles étaient envoyées au Mali, a ajouté M. Camara.
Amadou Toumani Touré, officier retiré de l’armée qui dirigeait le Mali depuis dix ans, a été renversé par un coup d’Etat militaire le 22 mars, au lendemain d’une mutinerie de soldats et à moins de six semaines d’une élection présidentielle à laquelle il ne se représentait pas.
Les putschistes ont accusé ATT d' »incompétence » dans la lutte contre la rébellion touareg et des groupes islamistes qui menaient depuis mi-janvier des attaques contre l’armée dans le Nord, et protesté notamment contre le manque de moyens pour la guerre contre les assaillants.
Les groupes armés ont profité du putsch pour réaliser une progression-éclair et s’installer dans tout le Nord entre fin mars et début avril. Aujourd’hui, les islamistes ont évincé leurs ex-alliés rebelles touareg et contrôlent totalement le Nord, ainsi que la ville stratégique de Douentza, dans la région de Mopti (centre), qu’ils ont prise le 1er septembre sans combats.
Selon le ministre Abdoul Kabélé Camara, la Guinée a décidé de garder les armes pour le Mali « dans l’intérêt exclusif de la République du Mali et du peuple malien, mais aussi dans l’intérêt des pays voisins du Mali dont la Guinée ».
« Nous n’avons pas saisi ces armes au sens juridique du mot », a-t-il précisé.
Selon lui, la question de ces armes pour le Mali est à l’ordre du jour de rencontres à Conakry avec des délégués de la Cédéao. « Des émissaires de la Cédéao sont (…) dans nos murs à ce sujet, nous allons faire ensemble une expertise en déballant les containers » d’armes, a-t-il dit, sans indiquer de dates.
Le 23 août, un front de partis maliens pro-putsch, le Mouvement populaire du 22 mars (MP22), avait accusé la Cédéao de bloquer des armes pour le Mali dans des ports en Côte d’Ivoire, au Togo et en Guinée.
« La Cédéao maintient l’embargo dans les ports d’Abidjan, Lomé et Conakry et prive notre armée des acquisitions d’armement susceptibles de préparer la contre-attaque au Nord », avait déclaré le MP22 dans un communiqué, sans plus de détails.