La préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio avait annoncé vendredi que, parallèlement à l’installation de conteneurs chauffés à la limite de la « jungle », les autorités voulaient « réduire » l’espace occupé par les tentes et cabanes, où survivent quelque 4.000 (BIEN: 4.000) migrants, en interdisant toute habitation dans une bande de 100 mètres proche de la rocade portuaire et dans une autre située à proximité de résidences de Calaisiens.
Cette opération a pour but d’assurer « à la fois la sécurité des migrants, des riverains et des utilisateurs de la rocade », que les migrants tentent d’envahir régulièrement pour monter à bord des camions allant embarquer pour l’Angleterre, avait expliqué Mme Buccio.
« Il faut que les choses bougent d’ici la fin de cette semaine et si un mouvement s’enclenche, on laissera quelques jours de plus pour leur faciliter le déménagement », a affirmé mercredi à l’AFP la préfecture du Pas-de-Calais.
Entre 500 et 700 personnes seraient concernées par ce déplacement de leurs abris ou boutiques de fortune.
La préfecture a indiqué s’appuyer « entièrement sur les associations qui permettent de privilégier le dialogue », rappelant que « chaque personne concernée serait prioritaire pour accéder à une place » dans le Centre d’accueil provisoire (CAP), un espace clos réservé aux conteneurs, inauguré lundi et qui pourra accueillir 1.500 personnes d’ici fin janvier lorsque les 125 conteneurs prévus auront été mis en place.
Les autorités ont balayé l’idée d’un ultimatum, évoqué par le quotidien anglais The Guardian, démentant des rumeurs qui fixent à jeudi le dernier jour avant l’intervention des forces de l’ordre.
« Nous incitons les gens à se déplacer, mais c’est difficile à comprendre pour les réfugiés: après avoir parcouru autant de kilomètres et compte tenu des conditions très décevantes dans lesquelles ils sont reçus, ils ne voient pas pourquoi on leur demande encore de se déplacer », admet Christian Salomé, président de l’association l’Auberge des migrants.
Mardi soir, 70 personnes seulement (sur les 144 qui s’étaient portées volontaires avant la mise en service des premiers conteneurs lundi) étaient hébergés dans ces espaces chauffés.
Selon un autre observateur sur place, les Africains, notamment, se méfient énormément d’un séjour au CAP, surtout ceux qui sont à Calais sans famille. « Ils préfèrent avoir toute liberté pour tenter de gagner discrètement l’Angleterre », a-t-il dit.
Une partie de la population locale redoute que la méfiance envers le CAP ne génère la création de nouveaux petits campements sauvages, comme après la fermeture du camp de Sangatte en 2002.