« Mutualiser les moyens » contre la piraterie dans le Golfe de Guinée

Les « efforts » des pays de la région « pour éradiquer la piraterie s’avèrent insuffisants », a déclaré le président camerounais Paul Biya, hôte du sommet, face à onze autre chefs d’Etats. « Une approche collective du problème est donc impérieuse pour éviter que le mal, une fois combattu au niveau d’un pays ou d’une des zones du Golfe de Guinée, ne se régénère ailleurs », a-t-il prévenu, lundi.

L’an dernier, les attaques se sont multipliées dans cette région pétrolifère: 966 marins y ont été attaqués contre 851 la même année au large des côtes somaliennes, jusque-là considérées comme la zone la plus dangereuse au monde, selon le Bureau maritime international (BMI).

« En mutualisant les forces et les moyens, on peut arriver à de meilleurs résultats », affirme le colonel Didier Badjeck, chargé de communication du ministère camerounais de la Défense. Un partage qui porterait sur les « moyens nautiques », le « renseignement prévisionnel » mais également l' »autorisation de poursuites » au-delà des limites maritimes d’un pays dont les troupes chassent les pirates, précise-t-il.

Cette approche collective doit notamment passer par l’harmonisation des textes législatifs. Ensemble, la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Céeac), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et la Commission du Golfe de Guinée (CGG) pourraient aussi créer un mécanisme de financement exclusivement dédié à la lutte contre la piraterie.

Des patrouilles mixtes au large des côtes

Pour l’instant, seules quelques initiatives nationales ou bilatérales existent pour faire face à la piraterie. Le Nigeria, pays le plus affecté avec 45% des attaques recensées dans le golfe de Guinée en 2012, a lancé en 2011 avec le Bénin une initiative baptisée « Opération prospérité », pour mener des patrouilles mixtes au large des côtes béninoises.

Le Cameroun qui a connu une cinquantaine d’attaques de pirates dans la péninsule de Bakassi (sud-ouest) en cinq ans, a déclenché en 2009 l’opération « Delta » menée par le Bataillon d’intervention rapide (BIR), redoutable unité d’élite de l’armée camerounaise, venu renforcer le dispositif de la Marine nationale. Le BIR organise régulièrement des patrouilles maritimes et aériennes pour surveiller les côtes du Cameroun dont l’espace maritime est estimé à 10.000 km2.

« Bientôt la Marine va acquérir des avions de surveillance maritime. Ce sera une grande première en Afrique noire, peut-être excepté le cas du Nigeria », assure le colonel Badjek.

« Beaucoup de pays côtiers ont acquis des équipements navals conséquents mais n’investissent pas assez dans le soutien logistique pour une véritable présence en mer », critique, en revanche, la Céeac dans un documentaire institutionnel diffusé à l’ouverture du sommet lundi.

Les pays du golfe de Guinée attendent beaucoup de leurs partenaires internationaux – Union européenne (UE), Chine, Etats-Unis. Le président ivoirien Alassane Ouattara, les a ainsi invités « à faire preuve de la même fermeté dans le Golfe de Guinée que celle affichée dans le Golfe d’Aden, où la présence des forces navales internationales a permis de réduire drastiquement les actes de piraterie maritime ».

L’Union européenne a lancé en janvier le programme Crimgo (routes maritimes critiques du Golfe de Guinée), pour renforcer la formation des gardes-côtes et mettre en place un réseau d’échange d’informations sur les actes de pirateries.

Les Etats-Unis financent et organisent chaque année à Douala (capitale économique du Cameroun) un exercice naval, Obangame Express, portant « sur la communication et les techniques de sécurité des forces navales dans le Golfe de Guinée ».

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