Au lieu de s’installer confortablement dans une unique zone de nidification pour profiter de la courte saison de reproduction, la plupart des Bécasseaux tachetés « essayent de s’accoupler sur un site pendant quelques jours, puis se déplacent vers un autre site, puis encore vers un autre, et ainsi de suite », explique à l’AFP Bart Kempenaers, de l’Institut Max-Planck d’ornithologie à Seewiesen, en Allemagne.
Ce type de comportement, de stratégie nomade, était « jusqu’ici inconnu », selon le coauteur de cette étude parue lundi dans la revue britannique Nature.
« La concurrence est si rude que la plupart des mâles qui restent sur un unique site ne copulent pas, pas même une seule fois », précise le chercheur.
Et donc, après avoir parcouru la moitié du globe pour atteindre leurs aires de reproduction dans l’Arctique, la majorité des Bécasseaux tachetés mâles volent encore 3.000 km kilomètres supplémentaires (en moyenne), visitant jusqu’à 24 sites de reproduction en un mois, une véritable course contre la montre. Un des oiseaux observé a même parcouru la distance de 13.000 km, selon cette étude.
« Les mâles se déplacent à travers toute la zone de reproduction pour augmenter leurs chances de se reproduire plusieurs fois », avance Mihai Valcu également de l’Institut Max-Planck d’ornithologie et coauteur de l’étude.
Avec cette technique, le champion de la zone étudiée par les chercheurs a séduit 6 femelles et engendré 22 descendants.
Mais cette stratégie pourrait, à long terme, avoir peu d’intérêt pour l’espèce.
La sélection sexuelle, chère à Darwin, est l’un des moteurs de l’évolution. Dans le cas des Bécasseaux tachetés, les mâles qui sont capables de réduire leur temps de sommeil pour voler de longues distances prennent l’avantage sur les plus faibles.
Mais par contre, les spécificités génétiques qui pourraient se développer localement et permettre aux individus de s’adapter aux changements locaux sont continuellement gommées par le brassage général et continuel de la population.
Selon l’étude, cela peut conduire à une population moins susceptible de se diversifier génétiquement en sous-populations distinctes et donc moins apte à s’adapter aux évolutions spécifiques des régions.