Ces chercheurs américains, qui ont analysé et modélisé la situation depuis 1979, ont voulu mesurer la part de l’homme et la part des variations naturelles dans le déclin exceptionnellement rapide des glaces.
Selon eux, jusqu’à 60% du retrait de la banquise s’explique par des changements de circulation atmosphérique l’été en haute latitude, eux-mêmes liés pour 70% à des causes naturelles, non humaines.
Ce qui signifie au final que l’homme, via ses émissions de gaz à effet de serre, est responsable pour 50 à 70% de la perte des glaces arctiques, soulignent ces recherches.
« La variabilité naturelle domine les tendances dans la circulation (de l’atmosphère) en Arctique, et pourrait ainsi être responsable pour environ 30 à 50% du déclin global de la banquise en septembre, depuis 1979 », notent les chercheurs.
« Nous savons depuis longtemps que le déclin de la banquise de l’Arctique, dû au réchauffement global, est renforcé par l’influence de la variabilité naturelle du système climatique », souligne Ed Blockey, du Met Office britannique dans un commentaire au Science Media Centre de Londres.
« Cette étude s’attache à quantifier cette variabilité (…) ce qui est essentiel pour comprendre les changements », ajoute-t-il.
Pour Chris Rapley, climatologue au University College de Londres, ces résultats expliquent en partie pourquoi « les modèles climatiques ont toujours sous-estimé le déclin » de la banquise: la part des facteurs naturels.
« Que la variabilité de l’atmosphère en Arctique puisse être connectée à des changements dans le Pacifique, par exemple, montre bien la complexité du système mondial océan-atmosphère-glace et sa capacité à nous réserver des surprises. Cela renforce l’argument de la prudence, en faveur d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre », ajoute le scientifique.
La banquise est essentielle à la survie d’espèces. Cette surface blanche contribue aussi à freiner le réchauffement en renvoyant le rayonnement solaire vers l’espace, et empêche la chaleur de l’océan de tiédir l’air.
En Arctique la tendance au recul est nette, et si rien ne venait infléchir le réchauffement, la région se retrouverait sans banquise d’été d’ici le milieu du siècle, estiment les scientifiques.
En 2016 encore, la région a connu ses douze mois les plus chauds depuis le début des relevés en 1900.