Réunion: rassemblement de surfeurs en colère après les attaques de requins

« Il y a sept jours, j’ai tourné une page: le pire est arrivé », a témoigné la femme du surfeur Fabien (BIEN: Fabien) Bujon, 41 ans, attaqué par un requin dimanche dernier sur le spot de Saint-leu. Amputé d’une main et d’un pied, ce dernier a confié « traverser des moments de calme mais aussi de détresse terrible » dans un message lu par son épouse, en pleurs.

Une collecte de fonds a été organisée en vue de lui offrir « la meilleure prothèse pour que sa vie soit la plus confortable possible », a expliqué Christophe Mulquin, ancien professeur de surf, à l’origine du rassemblement qui s’est tenu en face du spot où s’est déroulé le drame.

« Il n’y a aucune récupération politique », a-t-il tenu à préciser en donnant la parole à un conseiller municipal de Saint-Leu, dont le maire (MoDem) Thierry Robert, actuellement en métropole, a reçu le soutien actif des surfeurs pour avoir, le premier, autorisé la pêche au requin.

« Nous allons tout faire pour sécuriser le site afin que vous puissiez vous remettre à l’eau » a promis l’élu, après une minute de silence en hommage aux surfeurs disparus.

Trois surfeurs ont été tués et deux amputés depuis 20 mois sur l’île, sur un total de 8 attaques.

Tour à tour, une dizaine d’intervenants ont pris la parole pour crier leur colère face à la « manipulation des médias », « les scientifiques qui ne veulent pas croire que les requins se sédentarisent » ou les « ultras-écologistes pour qui les méchants c’est nous ». « Il faut que le carnage cesse », a lancé Serge Leplège, président de l’association Prévention Réunion requin.

« Aucun d’entre nous n’est partisan de l’extermination des requins », s’est défendu Jacques, enseignant, pour qui les surfeurs sont les « premiers écologistes ». « Rien ne prouve que la Réserve marine est responsable des attaques, mais rien ne prouve non plus le contraire », a-t-il indiqué.

Le secrétaire de l’association Océan Prévention requin s’est dit « consterné » que les spots soient aujourd’hui « déserts ». Il a fustigé « l’hypocrisie des autorités » qui l’ont poursuivi l’an dernier pour avoir organisé une expédition punitive et tué un requin après la mort d’un surfeur, alors que « la France importe chaque jour 53 tonnes de requin, l’équivalent de 267 bouledogues ». « Nous savons que le risque zéro n’existe pas et n’a jamais existé, nous ne demandons qu’une protection entre nous et ce qui vient du large », a-t-il encore dit.

A la fin des interventions, l’organisateur du rassemblement a rappelé que la Réunion compte 2.000 surfeurs dont seulement 500 licenciés, invitant les autres à les rejoindre. Il a également appelé le public à signer deux pétitions, l’une du maire de Saint-Leu réclamant une révision du périmètre de la Réserve marine, l’autre une « régulation durable et raisonnée » de la population de requins.

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