Le tribunal a également condamné M. Petitot, leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), à 500 euros d’amende. Le militant, en détention provisoire et qui a suivi l’énoncé de la peine depuis le centre pénitentiaire de Ducos, doit rentrer à 13H00 (18H00 à Paris) chez lui, selon son avocate Mélanie Luce.
Il était reproché à Rodrigue Petitot, surnommé « le R », de s’être introduit sans autorisation avec trois autres militants dans la résidence préfectorale le 11 novembre, en marge d’une visite ministérielle, et de s’en être pris verbalement au représentant de l’Etat, Jean-Christophe Bouvier.
Ces faits intervenaient dans un contexte de mobilisation contre la cherté de la vie en Martinique, où les denrées alimentaires sont en moyenne 40% plus chères que dans l’Hexagone.
Le tribunal « tient compte de ce qu’une partie des faits s’inscrit dans le cadre d’une action militante, mais ne sauraient pour autant être banalisés car s’ils sont d’une gravité modérée, ils sont susceptibles de donner l’idée que l’intrusion dans le domicile privé (du préfet) constitue un mode de revendication acceptable ».
« Lorsque l’action militante prétend constituer une pression sociale mais devient en réalité une méthode d’intimidation (…), elle excède ce qui est admissible au titre de la liberté d’expression », ajoute la cour.
Si l’examen des caméras de vidéosurveillance à l’audience avait pu montrer que les barrières de sécurité étaient levées, la cour a considéré que Rodrigue Petitot avait « contourné à plusieurs reprises la barrière physique constituée par les policiers en uniforme », en n’obtempérant pas aux injonctions de quitter les lieux ».
Rodrigue Petitot s’était ensuite approché à quelques centimètres du préfet, exigeant d’obtenir un rendez-vous avec le ministre des Outre-mer d’alors, François-Noël Buffet. Le tout dans une ambiance houleuse, filmée par d’autres militants qui diffusaient la scène en direct.
– Autre condamnation –
Le ministère public avait requis une peine de quinze mois de prison ferme, assortie d’un sursis probatoire de deux ans et d’un maintien en détention contre Rodrigue Petitot. Trois autres militants mis en cause dans l’incident seront jugés le 31 mars.
En décembre, Rodrigue Petitot avait déjà été condamné à 10 mois de prison ferme aménageable pour s’être rendu coupable d’intimidation envers les maires de l’île, leur réclamant dans une vidéo diffusée en direct sur TikTok de fermer leurs mairies sous peine d’être « attaqués » par ses partisans.
« On va vous attaquer. On va faire un grand nettoyage, de l’extérieur comme de l’intérieur », avait déclaré le militant, apprécié de ses partisans pour sa faconde autant qu’il est critiqué pour ses méthodes et les émeutes urbaines qui ont accompagné la mobilisation anti-vie chère, notamment dans son fief du quartier populaire de Sainte-Thérèse.
Les deux jours d’audience marathon au tribunal correctionnel de Fort-de-France, mardi et mercredi, ont été suivis par de nombreux soutiens de Rodrigue Petitot qui s’étaient massés devant les grilles du tribunal. Encore nombreux, ceux-ci ont accueilli comme une demi-victoire la décision du tribunal vendredi.
Encore inconnu l’été dernier, Rodrigue Petitot s’est fait connaître par ses diatribes sur TikTok après la création du RPPRAC et par les blocages de supermarchés pour dénoncer les prix de l’alimentaire, même si les manifestations organisées par le mouvement n’ont pas rassemblé les foules.
Des négociations découlant de la mobilisation et regroupant militants, distributeurs, élus locaux et l’Etat, ont débouché sur un accord pour faire baisser les prix d’environ 6.000 produits alimentaires à la mise en oeuvre toutefois encore aléatoire.