« Depuis la semaine dernière, une forte présence de navires britanniques au large de la Baie de Seine (Manche Est), soit à 12 miles nautiques des côtes françaises, remet en cause 30 ans d’une bonne gestion de la ressource en coquilles Saint-Jacques », s’émeut le comité national des pêches (CNPMEM).
« Visiblement, alors qu’ils ne sont pas encore sortis de l’Union européenne, les pêcheurs britanniques se comportent en véritables pilleurs (…) dans les eaux sous juridiction française », poursuit le CNPMEM, qui représente l’ensemble des pêcheurs français et en appelle à leur ministre de tutelle Alain Vidalies.
« On leur reproche d’avoir contourné l’accord franco-britannique, d’avoir trahi leur parole et de ne faire aucun effort de gestion des ressources », a déclaré à l’AFP Pascal Coquet, président du comité des pêches de Haute-Normandie.
Il reproche aux Britanniques d’avoir « acheté massivement des navires de plus petite taille », qui ne tombent pas sous le coup des accords, pour les contourner.
Dans un communiqué publié mardi soir, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche Alain Vidalies explique qu’il « compte appuyer activement les propositions constructives qui ont déjà été formulées par la France auprès de la Commission européenne et de son comité scientifique, pour une gestion durable du stock de coquilles Saint-Jacques en Manche Est (…) ».
« Je compte sensibiliser à nouveau personnellement mes homologues britannique et irlandais ainsi que le Commissaire européen sur ces propositions, pour parvenir à un cadre réglementaire commun », a-t-il assuré, soulignant qu' »il est très important que nous puissions maintenir le dialogue, c’est la logique de la politique commune de la pêche ».
Selon le CNPMEM, « pas moins de 50 navires (de 12 à 38 m) britanniques pêchent la coquille sans aucune limitation, au large de la Baie de Seine », mettant à mal les efforts de gestion mis en place, par les pêcheurs français, en collaboration avec les scientifiques de l’IFREMER.
« Le marché est actuellement inondé de coquilles congelées provenant du Royaume-Uni mais prélevées de façon massive sur nos propres côtes », dénoncent les pêcheurs français, qui ont engagé des démarches pour valoriser la coquille Saint-Jacques en tant que produit frais haut de gamme.
« Nos bateaux sont restreints à deux tonnes par jour, avec quatre sorties en mer, eux, c’est minimum 10 à 15 tonnes par jour sur sept jours, ils sont toujours à la mer », s’alarme M. Coquet.
« Ca devait être une des meilleures saisons de coquilles qu’on ait vue depuis 40 ans. Vu l’ampleur que ça prend, ce sera la pire qu’on ait jamais faite », craint-il.
Cette polémique intervient dans un contexte d’inquiétude des pêcheurs hauturiers français qui craignent que le Brexit ne remette en cause leur droit d’aller pêcher à proximité des côtes britanniques.