Le nouveau canot tous temps, construit comme son nom l’indique afin de pouvoir sortir quelles que soient les conditions de mer, vient d’être testé dans le port de Roscoff (Finistère).
En une quinzaine de secondes, l’embarcation orange et verte de près de 18 mètres de long a été retournée à l’aide de sangles reliées à une grue, avant de poursuivre d’elle-même sa rotation pour retrouver sa position initiale, le tout avec trois personnes à bord.
« Ça a été relativement souple et simple », raconte à l’AFP la navigatrice Anne Quéméré, casquée et arnachée à son siège pendant l’opération, expliquant avoir déjà eu l’occasion de se retourner en mer, mais « avec des canots beaucoup plus petits, en solitaire et sans assistance ».
« Ça a été tellement rapide qu’on n’a pas eu le temps d’avoir des sensations fortes », ajoute François Spinec, marin-pêcheur et futur patron du navire. « Mais ça veut dire que le bateau a une bonne stabilité, c’est donc concluant », ajoute-t-il.
Le nouveau canot sera soumis à d’autres tests au cours des prochaines semaines, avant d’être livré en janvier à la station de sauvetage de l’île de Sein, au large du Finistère, là où les courants sont particulièrement forts et la mer agitée.
D’un coût de 1,4 million d’euros, entièrement financé par un particulier, le canot est appelé à devenir le navire amiral de la SNSM. Doté de deux puissants moteurs (650 cv), il pourra atteindre les 25 noeuds à pleine charge et accueillir jusqu’à 70 passagers, contre 40 jusqu’à présent pour ce type de canots, les plus puissants de la flotte de la SNSM. Ce prototype comprend en outre et pour la première fois une zone médicalisée et est doté de tout le confort nécessaire à son équipage et ses passagers.
– ‘plus d’argent public’ –
« Le sauvetage qu’on faisait il y a 30 ans n’est pas celui qu’on fait aujourd’hui », explique le président de la SNSM, Xavier de la Gorce. Si l’association secourait auparavant surtout des marins aguerris et habitués aux dures conditions en mer, 80% de ses interventions se font aujourd’hui auprès de plaisanciers.
Des plaisanciers qui, selon Xavier de la Gorce, « peuvent – si ce n’est doivent -, sauver la SNSM ». « Que le plaisancier, de manière spontanée, par solidarité, par sens de la responsabilité, vienne apporter son écot à la SNSM me paraît tout à fait logique », estime l’ancien secrétaire général de la Mer (2004-2008).
La SNSM évalue à un million le nombre de plaisanciers en France, parmi lesquels seuls 50.000 cotisent à l’association reconnue d’utilité publique. « Si chacun donne une dizaine d’euros, on sauve la SNSM », note le président des sauveteurs français, assurant qu’il « n’y a plus d’argent public aujourd’hui ».
Le budget annuel de l’association est de 27 millions d’euros, provenant à 75% de dons, legs et opérations de mécénat, et à 25% des collectivités locales et de l’État, dont la contribution est passée de 40% dans les années 1980 à 8% aujourd’hui.
« Tout le monde s’accorde à dire que ce que fait la SNSM c’est merveilleux, mais personne ne se pose la question de savoir comment financièrement elle vit », regrette Anne Quéméré.
Deux autres canots de nouvelle génération seront construits en 2016 et 2017, et destinés aux stations des Sables d’Olonne (Vendée) et de Sète (Hérault), avant d’autres éventuelles commandes.
L’association, portée par 7.000 bénévoles et qui dispose de 219 stations réparties sur tout le littoral, porte secours chaque année à plus de 7.000 personnes. Sa flotte se compose de quelque 300 embarcations, dont 40 canots tous temps.