« La grève s’est renforcée depuis ce (samedi) matin avec l’arrivée du (bateau) Jean Nicoli à Marseille et est reconduite jusqu’à lundi inclus », a indiqué la CGT dans un communiqué.
Le syndicat proteste notamment contre les 583 suppressions d’emplois qu’entraîne la reprise de la SNCM, en redressement judiciaire depuis plus d’un an, par Patrick Rocca, une décision prise par le tribunal de commerce de Marseille vendredi.
Le projet de reprise de M. Rocca, 50 ans, dont le groupe comprend 27 sociétés dans le transport, l’immobilier ou les déchets, prévoit la reprise de 845 salariés (873 en comptant les filiales) sur plus de 1.400 en CDI. Trois autres projets de reprise avaient été déposés, par le consortium d’entreprises corses Corsica Maritima, le groupe Baja Ferries et l’ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, associé à l’armateur grec Arista.
Dès le jugement rendu, les salariés de la compagnie s’étaient réunis en assemblée générale sur un ferry de la compagnie et avaient décidé de se mettre en grève immédiatement. Ils ont voté un arrêt de travail reconductible avec occupation des bateaux. Un préavis avait été déposé le 10 novembre par l’intersyndicale, à l’exception du Syndicat des travailleurs corses. FO a aussi fait savoir vendredi soir qu’il n’appelait pas à la grève, évoquant des « mouvements perpétuels qui ont largement contribué au déclin de l’entreprise ».
« Il ne pourra pas y avoir de reprise du travail sans une solution pour l’ensemble des salariés », avait commenté après l’AG Frédéric Alpozzo, délégué CGT, devant la presse: « Il va falloir que des discussions s’ouvrent rapidement avec le repreneur ». Une réunion s’est tenue en préfecture samedi avec toutes les parties.
Plusieurs incertitudes planent encore sur l’avenir de la SNCM: les acteurs du dossier attendent de savoir si la Commission européenne valide le projet et efface ainsi la condamnation de la compagnie à rembourser plus de 400 millions d’aides publiques jugées indûment perçues.
L’autre grande inquiétude concerne l’avenir de la délégation de service publique (DSP) du service Corse-continent: annulée par décision de justice, la DSP, attribuée jusque-là à la SNCM et la Méridionale, doit voir ces modalités modifiées à partir de mi-2016.
L’Office des transports de Corse (OTC), chargé de définir ces modalités, n’a pas pour l’instant pas précisé le nouveau cahier des charges, probablement moins favorable à la compagnie délégataire dans le futur.